Le moine nu

tongra

Entre autres, merci à Lausm pour sa réflexion étayée !
lausm

Merci de m'avoir lu.
J'ai du mal à faire court, mais ces sujets sont à la fois chargés de vécu pour moi, et je pense cruciaux concernant ce qu'on va faire de ce qu'on pratique.
Je repensais à toutes ces réflexions, et me rappelait d'une amie avec qui nous pratiquions le zen, qui continue, mais se dit chrétienne puisqu'elle assume cet atavisme chez elle plutôt que d'essayer d'être plus bouddhiste que le Bouddha.
mais elle continue zazen, en faisant zazen pour zazen. Et elle a découvert Lee Lozowick, qui l'a beaucoup marqué.
Pourtant il pratique une voie dite dévotionnelle.
Autant je suis un peu sceptique par rapport à ce genre d'approche, qu'elle m'a convaincu qu'il s'est passé là pour elle quelque chose d'important, qui m'a touché aussi personnellement tellement cela semble l'avoir révolutionnée intérieurement.
Quand elle est allée à son centre, elle s'est mise à pleurer sans savoir pourquoi, et à voir l'étendue des mensonges qu'elle se faisait sur elle-même, à tous niveaux, dans des détails insignifiants. Simplement en étant à cet endroit avec les gens. Dans une sensation quasiment physique, perceptive, de ce délire sur soi-même, où elle dit avoir senti combien il y avait de la haine de soi en elle.
Puis m'a décrit le personnage, et son enseignement sans concession, qui ne veut pas dire sans compassion. Mais tranchant comme les grands enseignements non duels.
La pratique?? Simplement une observation de soi-même sans jugement.
Ca a l'air facile, mais essayez, regardez si c'est facile!
Toujours est-il que quelques jours après, en discutant, je me suis senti intérieurement sentir aussi tout ce désamour pour moi, surtout cette capacité à me fermer à moi-même, et à me nier moi-même. Physiquement, comme un mythe qui tombe, comme un costard trop petit qu'on pose en voyant qu'il ne nous a jamais allé.
Et j'ai compris cette envie de pleurer, aussi cette envie de célébrer Dieu. Même si je ne pratique pas cela. J'ai compris aussi pourquoi quand j'était petit j'avais cette aspiration spirituelle en moi, qui ait reçu une éducation religieuse catholique, combien en fait quelle que soit la forme qu'elle prenne, elle est universelle.
Et cette dilatation dans la poitrine qui a envie d'arrèter de restreindre ce coeur qui peut être si vaste.
Cette envie de gratuité, d'être juste pour être, et d'être aussi avec les autres, quels qu'ils soient.
Et cette illusion de peur, qui nous ferme sur nous.
Donc je ne suis pas contre les voies dévotionnelles, elles ont un sens.
Je suis contre le fait qu'on rende le dharma plus petit qu'il n'est, qu'il soit utilisé pour l'ego de quelques uns, qu'on en fasse un business. C'est un truc tellement génial, tellement simple, tellement bon pour tous, tellement généreux, et accessible!
Donc oui, j'avais à dire, et je voudrais m'excuser auprès de Klesha si j'ai été un peu raide en lui répondant. Et que je peux comprendre aussi ses réactions à ce sujet, si ça touche ce en quoi il a foi, et que mon propos ne vise pas à foutre tout ça à la poubelle, mais à simplement dire que le discernement ne va pas toujours de soi, et que l'on doit parfois éduquer à le développer, autant qu'à s'abandonner dans la confiance. Et je pense que les deux peuvent très bien coexister et se compléter favorablement.
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Flocon
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Question bête : qui, dans le forum, pratique la dévotion à un maître reconnu, au sens où l'entend le bouddhisme, et peut donc en parler en connaissance de cause (que ce soit en bien ou en mal)?
Je dis bien "qui pratique", pas qui en rêve ou qui réfléchit à ce sujet (ça, nous le faisons tous, c'est facile :lol:). Le texte posté par Yudo est un témoignage concret, ce serait intéressant d'avoir en retour d'autres témoignages du même ordre.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Sourire

Flocon a écrit :Question bête : qui, dans le forum, pratique la dévotion à un maître reconnu, au sens où l'entend le bouddhisme, et peut donc en parler en connaissance de cause (que ce soit en bien ou en mal)?
Bonne question...
Mais celui qui pratique la dévotion aveugle en un maître le dira-t-il ? Et s'en rend-t-il compte ?


Comme dans le conte que j'ai posté plus haut... Bon ou mauvais, il faut savoir voir la peau et les os du maître.. Son être bassement humain.
Le reste... On peut en débattre à l'infini.
Les mauvais maître ne sont pas la règle générale. Leur premier tort est de retomber dans l'humain ce qui n'est pas si critiquable en soi. Leurs autres torts dépendent de celui des personnes qui leur font trop confiance, soit en acceptant qu'on leur fasse du tort, soit en acceptant de se taire sur les torts commis. Cette dernière attitude n'étant même pas forcément de la gourouite, mais juste une petite lâcheté bien ordinaire et répandue depuis la nuit des temps. Celle qui consiste à "ne pas s'en mêler".
Pourtant, pour se mêler de quelque chose, il vaut mieux le faire en connaissance de cause. Donc... A adapter aux situations, peut-être ? Et de toutes façons pas simple...

Yudo a écrit :La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
Très adaptée à la question, cette signature...
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Flocon
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Euh, non, pardon : je n'ai pas écrit "dévotion aveugle", juste "dévotion". C'est très différent.

Ne pratiquant pas moi-même cette voie et n'ayant aucune intention de le faire, je ne suis pas qualifiée pour avoir un avis : simplement, je me souviens que les messages les plus éclairants que j'aie lus dans le forum, à ce sujet, provenaient d'une personne ayant de l'expérience en la matière (c'était Passagère, que je salue amicalement si elle nous lit, et dont la dévotion n'avait rien d'aveugle, bien au contraire).
Je crois sincèrement qu'il vaut mieux ne parler que de ce qu'on connaît personnellement, en matière de spiritualité : c'est là le fond de mon message.
Et donc je :arrow: :D .
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Kong Tseu
klesha

Il n'y a vraiment pas lieu de t'excuser Lausm. Sincèrement, je n'ai retenu aucune agressivité de ta part.
Comment dire... Ce que dénonce l'article existe, c'est un fait. On ne va pas revenir sur ce que tout le monde comprend : la vulnérabilité de certaines personnes, conjuguée au comportement inacceptable de certains "maîtres". Ca existe partout et pas seulement dans "les" bouddhismes. Personnellement, ça ne me touche pas. Je veux dire que ça ne blesse pas ma susceptibilité ou ne provoque pas en moi de réaction parce que ça secouerait ou remettrait en doute ma démarche bouddhique.
Le problème, c'est que ça risque d'être pris pour une vérité, généralisée qui poterait gravement le discrédit sur des pratiques et des pratiquants alors que les unes et les autres n'ont rien à voir avec ça. Pourquoi ? Parce que l'article n'est pas bâti de façon honnête. L'auteur utilise des procédés qui entraînent le lecteur, le canalisent vers sa conclusion. Il pose un certain nombre de faits mais les replace dans un cheminement intellectuel déviant. C'est un procédé rhétorique bien connu de tous les politiciens mais aussi de tous ceux qui n'osant avouer leur erreur ou leur échec, en cherchent l'explication à l'extérieur. Donc, je ne suis pas d'accord avec Flocon : ce n'est pas un témoignage concret. Mais pas du tout. C'est une réflexion de l'auteur, romancée. Sa petite histoire introductive (est-elle réelle ou relookée pour les besoins de la cause, qu'en savons nous ? Ne soyons pas aussi crédule envers lui qu'il ne l'a été envers son gourou) a mille interprétations différentes qui peuvent aboutir à des conclusions qui n'ont que peu à voir avec la gourou-dévotion.
De manière plus générale, les circonstances dans lesquelles l'auteur explique qu'il a découvert le BT et qu'il y a adhéré - trop vite et sans observer les conseils sur l'observation préalable du maître sans doute - expliquent certainement, en partie au moins, ses déboires.
Bref, la méthode n'est pas honnête même si, sur le fond, ce qui est dénoncé est vrai pour certains. Il aurait fallu s'y prendre autrement.
Beaucoup de gens parlent de "leur maître" mais c'est un abus de langage. Est-ce que ce maître est au courant qu'il est "leur maître" ? A ma connaissance, il y a une période d'observation préalable de trois ans au moins. Pas de secret là-dedans, rien d'ésotérique : au bout de 3 ans, une fois le coup de foudre et les obscurcissements résultant de l'exotisme atténués, on voit tous les défauts du "maître" ! C'est un peu comme dans une histoire d'amour. En quelques mois, c'est le divroce ! C'est là que l'on peut voir si c'est bien lui ou non. Mais encore faut-il qu'il accepte. Ensuite, l'histoire d'oublier ses défauts, etc. est présentée d'une manière insidieuse. En fait, pour que l'enseignement puisse être écouté avec profit, il faut une certaine "qualité" d'écoute. Elle n'est pas là si l'esprit est obscurci par des émotions liées à celui qui dispense l'enseignement. Enfin, et surtout !, le seul maître envers lequel, en fin de compte, nous avons une dévotion complète, c'est notre maître intérieur. Et ce maître extérieur, qui est sensé avoir l'expérience que nous recherchons, ne fait que nous aider à le trouver. Et tant que nous sommes dans la dualité, il peut nous y aider. Bon, Patrul Rinpoché explique tout cela bien mieux que moi dans Le Chemin de la Grande Perfection mais il existe, dans toutes les traditions tibétaines d'innombrables chapitres sur ce sujet précis.
Personne ne dira sur un forum : oui Flocon, je pratique la dévotion à tel maître...
Le simple fait de l'annoncer amènerait à se poser certaines questions. Mais, nous pouvons imaginer ce qu'un tel lien peut apporter en lisant Patrul Rinpoché :

Supposons un vulgaire tronc d'arbre tombé au cœur d'un forêt de santals du Malaya. Au bout de nombreuses années il finira par prendre l'agréable odeur du santal ; tout ordinaire qu'il soit, il en viendra à répandre un parfum...
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Flocon
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klesha a écrit :Personne ne dira sur un forum : oui Flocon, je pratique la dévotion à tel maître...
Je crois que c'est possible, au contraire de toi. Toutes les dévotions ne sont pas secrètes dans le bouddhisme. Certaines oui, d'autres non. Mais bon, sans doute que dans Nangpa tel qu'il est actuellement, personne ne le dira, tu as raison. Tant pis.
klesha a écrit :Donc, je ne suis pas d'accord avec Flocon : ce n'est pas un témoignage concret. Mais pas du tout. C'est une réflexion de l'auteur, romancée. Sa petite histoire introductive (est-elle réelle ou relookée pour les besoins de la cause, qu'en savons nous ? Ne soyons pas aussi crédule envers lui qu'il ne l'a été envers son gourou) a mille interprétations différentes qui peuvent aboutir à des conclusions qui n'ont que peu à voir avec la gourou-dévotion.
Mouais, on peut le lire de cette façon, c'est affaire de point de vue. J'ai quand même l'impression que l'auteur connaît ce dont il parle.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
klesha

Ah ? Tu as lu son site en entier ? Lis le et analyse le stp.
klesha

Quant au premier point, ça n'a rien à voir avec nangpa tel qu'il est
klesha

Ce qui ne m'empêche pas de prendre en considération ton avis, FLocon, avec tout l'attention et le respect que je lui dois !
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