Deux formes de souffrances - Ajahn Chah

ted

Le problème du bouddhisme, c'est qu'on y vient pour faire cesser les souffrances qu'on ressent, mais qu'on n'essaie pas de faire cesser les souffrances qu'on ne ressent pas. Résultat : on obtient un répit de quelques dizaines d'années ou de quelques vies. Et paf ! ça recommence. :oops:

Bon, c'est toujours bon à prendre, mais tout sera à refaire, en principe. Si j'ai bien compris comment ça marche.

Plonger dans la non-pensée et la non-dualité, c'est continuer à avancer, mais sur un autre mode. Je crois qu'il y a des signes de cette progression. Si on ne voit pas les signes, c'est qu'on est piégé dans des états paisibles. Dans ce cas, vaut mieux avoir une sérieuse discussion avec un maître.
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Flocon
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ted a écrit :Dans ce cas, vaut mieux avoir une sérieuse discussion avec un maître.
Oui, exactement ba11.
Un maître est utile et même indispensable pour cela : il aide à éviter les pièges et balayer les illusions. Seul, on est quasi certain de s'enferrer.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
tongra

ted a écrit :Dans le lacher-prise, on accepte les choses comme elles sont. Telles qu'elles sont. Les choses deviennent donc satisfaisantes.

Or, la libération est obtenue en comprenant que les choses sont profondément insatisfaisantes ! Il faut donc traquer la satisfaction qui est cachée dans le lacher-prise. Une satisfaction dont nous avons fait un but au point de vanter cet état si paisible.

Il faut trouver le dukkha caché dans le lacher-prise ! Et ce dukkha, c'est la saisie des phénomènes. Car en les acceptant tels qu'ils sont, tels qu'ils se présentent, nous leur accordons une existence propre. Mais notre pire cauchemar est à venir !

La douceur du lacher-prise, c'est un nid douillet qui cache une angoisse sans nom !
On va jouer encore ici sur les mots mais le lâcher-prise est fait pour celui qui croit qu'il y a quelque choseà lacher. Donc l'histoire d'être satisfait ou pas n'arrive qu'à celui qui s'est déjà fourvoyé.

Accepter les choses comme elles sont est déjà de trop.

Il en est de même pour celui qui croit qu'il ne faut pas accepter les phénomènes car il risque de leur accorder une existence propre. Il lui faudrait retourner à la source : qui est celui qui pourrait ne pas accorder d'existence propre aux phénomènes ?
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tirru...
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C'est le "qui est qui ?". C'est la relation objet-sujet dont on ne peut s'extraire intellectuellement mais par la pratique de l'attention. Celui qui regarde agit sur l'objet d'observation. Si c'est un laïc par exemple, ce sont tout ces liens qui le lient au monde qui regardent l'objet d'attention. Un renonçant, au sens propre du terme, aura moins de liens, voire aucun pour les arahantas. Le sujet et l'objet ne sont plus qu'un. C'est l'attention pure.

Je trouve cette réflexion très importante car j'ai mis plusieurs années avant de comprendre cette tension insupportable qui me torturait lors de mes précédentes retraites. Au fil des jours et de la retraite, le niveau d'attention allait en s'approfondissant, mais il arrivait toujours une limite au delà de laquelle la tension devenait insupportable. C'était tout simplement l'expression de deux forces antagonistes. L'une allant vers les profondeurs du renoncement au monde et l'autre est le lien effectif au monde, la famille, le travail, la société. Tu ne peux aller plus au fond car tu n'as pas renoncé et il est inutile de faire semblant d'avoir renoncé :) Et comme on ne peut pas tout avoir...

Fin du HS anjalimetta
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tongra

Tirru... tu es très loin d'être HS. Cette tension est une forme caractéristique de souffrance. Celle qui fait que l'individu est constamment à imaginer qu'il y "autre part" où aller, quelque chose de plus à acquérir, quelque chose dont il devrait se déposséder. Au lieu de rester dans la tranquillité et observer sa parfaite vacuité (et celle des phénomènes), il y a ce penchant naturel à se flageller parce que les choses sont si simples et qu'il n'y a aucune raison qu'elles le soient !
:lol:
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tirru...
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Tongra,

Je comprends ton point de vue, il est tout fait juste mais dans mon cas et plus spécialement lors d'une retraite je rencontre toujours un mur et ce mur m'interroge et me demande si je suis prêt à jeter du leste, celui des liens à la vie familiale et sociale. J'en suis incapable car ce sont des choses qui se sont révélées bien tard, mes engagements étaient déjà profonds. Le renoncement au monde c'est déposer le fardeau et les petits renoncements des laïcs ne sont rien comparés au renoncement complet. C'est bien de cette frontière (floue) entre les différents degré de renoncement que j'ai évoqué, celle du laïc et celle du moine, ascète, renonçant.

Merci pour ton message anjalimetta
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tongra

Mais ce renoncement, ce fardeau, au fond c'est quoi ? Quelque chose que tu ressens devoir faire ? Pourquoi cette question est-elle récurente ? Quelle est donc cette nécessité impérative de penser à celà ? Est-ce qu'au fin fond de ta retraite les choses ne sont-elles pas déjà parfaites ainsi ?

Bien entendu aucune obligation de répondre, c'est même mieux de ne pas me/nous répondre ... peut-être juste de te les poser à toi même.
Butterfly_tenryu
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tirru...
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Tongra,

Tu sembles pas deviner ce qu'est une retraite de méditation intensive. Regarde plutôt le programme journalier type :
05h00 Lever / Marche
05h45 - 06h30 Méditation assise
06h30 - 07.00 Chants du matin
07.00 - 08h00 Petit-déjeuner
08h00 - 08h30 Services/Marche
08h30 - 09h30 Méditation assise
09.30 - 10h00 Méditation en marche
10h00 - 11h00 enseignement sur l'Abhidhamma
11h00 - 12h00 Déjeuner végétarien
12h00 - 13h00 Etude personnelle
13h00 - 14h00 Méditation en marche
14h00 - 15h00 Méditation assise
15h00 - 16h00 Etude des suttas
16h00 - 17h00 Boissons et marche
17h00 - 18h00 Méditation assise
18h00 - 18h30 Méditation en marche
18h30 - 19h30 Méditation assise
19h30 - 20h00 Méditation en marche
20h00 - 21h00 Discussion
Une retraite ce n'est pas une cure de thalasso, du fond de la retraite les choses sont loin d’être parfaite, bien au contraire.

anjalimetta
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tongra

Et tu as encore le temps de vouloir renoncer à quelque chose ? !

Peut-être à ce rythme imposé ...! (je plaisante...)

je me suis aussi retrouvé à faire des programmes à ce rythme pendant quelques dizaines de mois d'affilée. On se levait même une heure plus tôt !
Dhammadanam

tirru... a écrit : et ce mur m'interroge et me demande si je suis prêt à jeter du leste, celui des liens à la vie familiale et sociale. J'en suis incapable car ce sont des choses qui se sont révélées bien tard, mes engagements étaient déjà profonds. Le renoncement au monde c'est déposer le fardeau et les petits renoncements des laïcs ne sont rien comparés au renoncement complet. C'est bien de cette frontière (floue) entre les différents degré de renoncement que j'ai évoqué, celle du laïc et celle du moine, ascète, renonçant.
Rassuré de ne pas être seul dans la même "situation"

jap_8 jap_8 jap_8
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