Qu'est ce que la méditation ?

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Dharmadhatu
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:D Comme je n'ai pas trop le temps, je n'ai pas vu la vidéo de Dominique Trotignon (qui fait autorité dans le Théravada, bien qu'on puisse ne pas être toujours d'accord avec ce qu'il enseigne, comme par exemple concernant la causalité sur Sagesses bouddhistes).

Quoi qu'il en soit, on peut tous être d'accord sur le fait que la méditation revient fondamentalement à "cultiver", "familiariser" ou "habituer" l'esprit.
Ted a écrit :Quelle différence entre méditation et relaxation ?
La méditation, si elle est bien pratiquée, doit de toute façon mener à un état de relaxation. Et la méditation n'est pas religieuse, ni bouddhiste (sauf si elle emploie des techniques bouddhistes: guru-yoga, yoga de la vacuité, yoga de la déité etc.)

Si elle était religieuse, alors la situation serait désespérée et nous n'aurions aucune chance de la promouvoir dans les écoles, les hôpitaux etc. C'est une technique mentale foncièrement laïque, et bien que le Bouddhisme l'ait employée depuis toujours jusqu'à ses plus hauts développements, ça ne la rend pas bouddhiste pour autant. Elle existait d'une manière ou d'une autre chez les pratiquants hindous avant même la venue du Vainqueur Transcendant.

Toute personne qui le souhaite, peut à tout moment cultiver son sens critique afin de faire la part des choses entre une session de méditation à teneur bouddhiste ou bien purement laïque, comme sur ce lien: https://drive.google.com/open?id=0B5vou ... FBSbzNfWFk

jap_8 Merci Ted d'avoir partagé ce petit topo transmis à Eric (buddhaline).

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apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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yudo
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Comme je l'ai dit mille fois déjà, je n'aime pas l'usage du mot "méditation" qui au sens strict, signifie pondérer, examiner une idée, un concept. Le mot le plus proche de ce que nous pratiquons (ou tentons de pratiquer) est "contemplation".

C'est pour ces raisons que je préfère parler de "s'asseoir".
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
ted

Image Pourquoi faut-il, ou ne faut-il pas, fermer les yeux ?

J'ai pris l'habitude de fermer les yeux, parce que je méditais contemplais faisait de la contemplation, assis dans le rer quand j'allais travailler en banlieue.
Et l'immobilité et le regard fixe, ça fait peur aux gens... :shock:
Donc, je faisais semblant de dormir... mais j'entendais chaque bruissement.. Je sentais chaque odeur...

PS : C'est pas moi sur la photo... :mrgreen:
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Upekkhā
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PS : C'est pas moi sur la photo... :mrgreen:
hehe :lol:

Mmmm je ferme les yeux car je trouve que la vision autre que le noir de mes yeux à tendance à me distraire. Après je pense que le plus important, c'est que ça soit une couleur unie (le noir des yeux ou la couleur unie d'un mur par exemple). Car après tout, il me semble que dans le zen on entrouvre les yeux non (je dis une bêtise peut être)? Quoique tu me diras on utilise bien des kasinas pour les jhanas et ce que tu vois visuellement puis visualise mentalement n'est pas seulement une couleur unie.
Dumè Antoni

Upekkhâ a écrit :il me semble que dans le zen on entrouvre les yeux non (je dis une bêtise peut être)?
Non, ce n'est pas une bêtise (du moins dans le Rinzaï) : les yeux sont bien ouverts et le regard est orienté à ~45% vers le sol (droit devant) mais on ne regarde pas le sol, bien sûr (le regard est "tourné vers l'intérieur").

Sinon, j'ai quant à moi depuis longtemps cessé de dire que je médite mais que je fais zazen. Dans mon esprit (fidèle à l'enseignement du 6ème Patriarche), il n'y a pas de Dhyana distinct de Prajna (ce point est très important et est développé dans le Sutra de l'Estrade) et zazen exprime de fait le "jeu simultané de la Triple Discipline" (et donc, "faire zazen" est — en plus de Dhyana et Prajna — Action Juste et est donc — aussi — Sîlâ). Il est vrai que le mot Zen est la transcription phonétique du mot Dhyana (qui est devenu Ch'an(a) en Chine), au point que le mot "dhyaniste" est employé parfois (par exemple dans les entretiens de Lin Tsi par Demiéville) pour parler des "zenistes". Et le mot "zazen" veut dire "Zen assis". Depuis Huineng, zazen est plus que assis en Dhyana. Il l'était bien sûr depuis Bodhidharma, mais ça n'avait jamais été vraiment formulé aussi formellement avant Huineng.
Ted a écrit :Pourquoi faut-il, ou ne faut-il pas, fermer les yeux ?
On évite de fermer les yeux pour éviter de s'assoupir ou se laisser distraire par des phosphènes, mais on peut aussi s'endormir les yeux ouverts (et alors les yeux se ferment). La méthode quelquefois employée pour éviter de s'endormir est de se mordre la langue. Je sais, c'est un peu brutal (mais on n'est pas obligé d'y aller comme un malade), mais c'est assez efficace (sauf si on est trop crevé, et alors je crois que le mieux est de dormir).
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Dharmadhatu
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yudo a écrit :Comme je l'ai dit mille fois déjà, je n'aime pas l'usage du mot "méditation" qui au sens strict, signifie pondérer, examiner une idée, un concept. Le mot le plus proche de ce que nous pratiquons (ou tentons de pratiquer) est "contemplation".

C'est pour ces raisons que je préfère parler de "s'asseoir".
:idea: Contemplation semble très approprié; le problème c'est qu'il est parfois employé pour "analyse", comme dans certains livres en français de S.S. le Dalaï Lama, ce qui rejoint le sens strict que tu évoques.

Personnellement, dès que je parle "méditation", j'en indique le sens actuel, ça permet d'en rappeler le contexte premier.

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yves
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souvent, quand des gens me parlent de méditations alors qu'il n'y connaissent que peu de chose, je fais différer le sens "occidental" de cogitation et le sens "oriental" de contemplation Butterfly_tenryu

ça parlent bien et ils comprennent assez vite de quoi il est question loveeeee
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Dharmadhatu
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jap_8

Bien sûr, il est utile de ne prendre garde à ne pas aller dans l'extrême inverse qui voudrait que la méditation (au sens général) soit totalement dénuée d'examen critique, puisque celui-ci est une part importante de vipashyana (Cf. par exemple King of Samadhi ou encore Méditation bouddhique du Vén. Thrangu Rinpotché). Autrement dit, méditer implique de s'imprégner entièrement soit d'un sentiment salutaire (bienveillance, compassion etc.), soit d'un regard porté sur tel ou tel fait de l'existence (impermanence, non-soi, agrégats, etc.).

Or comment s'imprégner de quelque chose qu'on n'a pas compris ou qui ne saute pas aux yeux (comme l'impermanence subtile ou encore le non-soi) ? Comment être bienveillant à l'égard d'un inconnu, voire d'un dictateur ? Vipashyana a pour but de susciter une vraie compréhension, et c'est sur la base de celle-ci que peut naître un sentiment authentique ou un regard averti sur la réalité qui va au-delà des simples apparences.

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ted

Dumè Antoni a écrit :Voici un entretien de Dominique Trotignon, qui me paraît très intéressant à propos de la méditation :

Merci à Florent et à Dumè pour cette vidéo.

Alors, ce week-end, j'ai trouvé quand même 2 heures pour la regarder en entier.
Cette vidéo est dingue ! :D
Pas seulement parce que Dominique Trotignon parle des différentes définitions de la méditation et des confusions qui vont avec... à la limite, bof, on comprend vite que c'est un mot fourre-tout, mais surtout parce que Dominique Trotignon a une vision historique du bouddhisme et qu'il prend le recul nécessaire pour resituer, recadrer les enseignements dans un contexte politique, religieux, colonial. Il nous parle de l'influence des jésuites qui, dès le départ, injectent leurs mots et leur vision chrétienne sur cette spiritualité. Il nous parle des stratégies de défense des pays bouddhistes pour éviter la colonisation spirituelle de l'occident et promotionner un bouddhisme attirant. Il nous parle des 3 bonheurs possibles sur la voie bouddhiste (mondain, transcendant et nirvanique).

Son approche est remarquable, même si elle semble renvoyer tous les bouddhistes dos à dos. Mais c'est compréhensible quand il explique l'importance de la relation maître/disciple et le fait que chaque saddhana est un cas particulier qui nécessite des pratiques particulières et même une voie bouddhique, une école, particulière.

On en redemande... :)
Merci Monsieur Trotignon.
jap_8
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yudo
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Dharmadhatu a écrit : Comment être bienveillant à l'égard d'un inconnu, voire d'un dictateur ?
En revisitant l'étymologie du mot "bienveillant".

Il signifie "vouloir du bien". Or, il n'est pas besoin d'avoir fait sciences-po pour comprendre (à condition de s'en donner la peine...) que vouloir du bien à quelqu'un ne veut pas nécessairement dire "souhaiter que SES souhaits se réalisent". Parce qu'en réalité, et on le dit souvent, que nos souhaits se réalisent peut parfois se révéler une catastrophe. Vouloir du bien à un dictateur peut donc se traduire par "espérer qu'il voie où cela le mène, et y mette fin". Par exemple...
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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