Qu'est ce que la méditation ?

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davi
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@ Hémi : Oui, effectivement, et pour le dire autrement, si de l'inquiétude apparaît c'est qu'un soi est conçu. Si on souhaite nier le soi tout en affirmant un soi conventionnel pour lequel on continue de s'inquiéter, on a raté sa cible.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Zopa2
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davi a écrit :@ Hémi : Oui, effectivement, et pour le dire autrement, si de l'inquiétude apparaît c'est qu'un soi est conçu. Si on souhaite nier le soi tout en affirmant un soi conventionnel pour lequel on continue de s'inquiéter, on a raté sa cible.
Je n'ai pas dit que le soi conventionnel continuer nécessairement de s'inquiéter...

Je pense toutefois qu'à mon modeste niveau, il est normal et sain de continuer de s'inquiéter dans certaines circonstances au lieu de demeurer dans une espèce de bulle protectrice, complètement étanche, vis-à-vis notamment des souffrances des autres.
hemi

Zopa2 a écrit :la présence d'un soi conventionnel (ou simple je).
donc si j'ai bien compris, à part les phénomènes, tu as pu idéntifier quelquechose que tu appelles un soi conventionnel ou le je? A quoi rassemble-t-il ? qu'est-ce que t'as bien pu voir, à part les phénomènes ci ce n'est que cet espace inidentifiable dans lequel tous ces phénomènes apparaissent? Et même dire "espace" c'est juste créer encore une image mentale...
Zopa2 a écrit :il est normal et sain de continuer de s'inquiéter
bien sûr qu'il est normal, surtout que t'as aucun choix. Les phénomènes apparaissent et disparaissent sans te demander ta permission. Tu ne peux ni les éviter ni les retenir, et ce qui est le plus drôle tu ne sais même pas quelle pensée apparaitra d'ici 4 secondes, alors, t'inquiète pas, tout se déroule tout seul )))

l'inquiétude vient d'une fausse idée comme quoi c'est toi qui crées les phénomènes, alors que c'est l'inverse: ce sont les phénomènes qui te créent..
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yves
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le soi conventionnel est indispensable pour la vie en société

il n'existe pas c'est pourquoi on lui adjoint le mot conventionnel

si au milieu d'une foule je veux interpeller une personne précise, je vais l'appeler par son nom pour qu'elle se retourne cette personne n'est pas son nom mais conventionnellement c'est ainsi qu'on l'interpellera :D
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jules
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J’ai suivi un stage reiki il y‘a deux mois. Suite à ce stage, il fallait entreprendre un auto-traitement de 21 jours. Ce traitement consiste en une imposition des mains sur soi-même. Sur des endroits précis du corps, on pose donc ses mains durant 3 minutes, on écoute une musique douce et chaque 3 mn un carillon annonce qu’il faut poser ses mains sur l’endroit du corps suivant, conformément au protocole. De plus, à chaque changement on trace mentalement un idéogramme et on récite trois fois le mantra lui correspondant.

Je me suis senti tellement bien dans cette pratique qu’il m’a semblé qu’elle pouvait tout à fait remplacer le zazen. Pourtant, il y’a quelques jours, j’ai senti le besoin de m’asseoir à nouveau sur mon zafu, pratique que je réitère depuis, et cela m’a permis de tirer quelques conclusions sur le zazen par comparaison avec le reiki. En effet ces pratiques, toutes deux bénéfiques, ne sont cependant pas semblables.

Durant le reiki, comme je l’ai mentionné, on écoute de la musique, on change ses mains de position etc. Cela constitue un ensemble d’activités qui dans le zazen sont absentes. Par là j’ai bien senti en quoi cette spécificité du zazen consistant à être « juste assis » avait un sens, à savoir qu’aucune distraction ne se présente durant cette pratique et que de ce fait on est pour ainsi dire véritablement seul avec soi-même sans moyen de s’extraire de ce face à face. Le zazen est donc sans fard tel une sorte d’introspection intransigeante et implacable. Et relativement à cette tendance que nous avons à vouloir nous échapper de nous même par toutes sortes de prétextes visant à satisfaire nos désirs incessants, zazen semble à contrario nous inviter pendant une demi heure ou une heure, à goûter à une solitude absolue et à tenter de l'apprécier comme s'il s'agissait d'un nectar. On peut estimer sans doute qu'une pratique régulière aura pour effet de se diffuser dans toute notre vie, nous conduisant à nous satisfaire du simple fait d'exister.
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Zopa2
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@Jules :

Le fait d'expérimenter différentes techniques - par soi-même (sans se contenter d'une lecture) - et de ressentir leurs fruits respectifs est toujours enrichissant, me semble-il. Cela permet de faire des comparaisons, à titre personnel certes, mais des comparaisons quand même. Le Bouddha a lui-même suivi ce genre de démarche, avant d'inviter les personnes qu'il rencontrait, à expérimenter par elles-mêmes ce qui lui proposait.

Parfois, on peut se contenter d'une seule technique, si elle nous convient. A d'autres moments, les comparaisons sont intéressantes. J'ai pour ma part apprécié une méthode de relaxation occidentale pas si connue que cela des bouddhistes, qui permet de lutter contre le stress et la fatigue, de renforcer sa mémoire, de développer sa capacité d'introspection et de concentration et qui est aussi préconisée dans les cas d'affections cardiaques, d'hypertension artérielle, de dysfonctionnement respiratoire,... Cette méthode s'appelle le training autogène de Schultz (portant le nom d'un docteur allemand). Si elle est assez peu connue des bouddhistes, l' influence de cette méthode sur toutes les techniques de relaxations proposées en occident est bien reconnue par les relaxologues. Par ailleurs, cette méthode suit un protocole très rigoureux, et se pratique en position assise ou couchée. Elle n'a bien sûr pas le même objectif que la méditation bouddhiste mais elle permet d'améliorer la santé physique et mentale, entraînant un état de détente musculaire (direct antidote aux tensions corporelles dues au stress) ainsi qu'une détente psychique (libération des tensions mentales, apparition des ondes alphas qui participent à l'équilibre nerveux de la personne, prise de conscience et de recul, libération de la créativité, maîtrise des émotions, développement de la confiance en soi...), ce qui n'est déjà pas si mal !
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jules
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Intéressant. Je remarque qu'on peut retrouver le même genre de vertus dans le reiki. Disons peut-être que ces pratiques visent essentiellement le bien être et la guérison d’un ensemble de problèmes de santé, et comme tu dis ce n’est déjà pas si mal. La méditation quant à elle me semble, en plus d’apporter également des bienfaits sur le physique et le mental, s’étendre à la connaissance de soi et j’aurais envie de dire, de l’univers et des Dieux pour reprendre la fameuse devise.


Mais avec le reiki par exemple, on peut soulager les autres de certains problèmes de santé, ce qui n'est évidemment pas le cas de zazen. Donc les objectifs sont différents.
ted

jules a écrit :Durant le reiki, comme je l’ai mentionné, on écoute de la musique, on change ses mains de position etc.
C'est relatif cette notion de musique. Qu'est ce que la musique ?
Une personne qui fait zazen au bord d'une rivière, ou dans une forêt, est confrontée au chant de la rivière ou des oiseaux.
Compagnon

A propos de musique, cela me rappelle une réflexion que je me suis faite il y a quelques mois et qui m'avait fait rire. Quand une personne vous dit quelque chose de blessant, de vexant, d'agressif, de méchant, au fond c'est vous qui réceptionnez cela comme ça. Car si on regarde "profondément" la personne en face de vous ne fait qu’émettre des vibrations dans l'air, qui produisent des sons, ces sons successifs c'est notre langage, notre intellect, qui leur donne du sens, qui dit que tel son c'est une syllabe, et que telles syllabes mises bout à bout cela forme un mot et que ce mot a tel sens. Mais intrinsèquement, les sons qui sortent de la gorge de la personne qui vous agresse n'ont en rien le pouvoir de vous nuire, ce ne sont que des sons. A une intensité suffisamment faible pour que cela ne puisse pas endommager votre corps.

Si on regarde les paroles d'une personne hostile pour ce qu'elles sont, des sons dont le sens n'est que conventionnel et donc sans réel pouvoir, en principe on peut rester de marbre face à n'importe quoi. Car la seule chose qui nous fait réagir, être blessé, c'est de croire en un ego en nous susceptible d'être blessé. Si on comprends qu'il n'y a rien a blessé, que ces mots ne sont que des sons, que ce que nous dit l'autre en proie à la colère, à la haine, n'est que la manifestation de sa souffrance, mais sans plus de sens que celui que l'on peut donner par exemple au gémissement ou au cri d'un singe blessé, alors non seulement on ne "saisi" par cette violence que l'on cherche à nous infliger, elle passe, on ne la retient pas, elle ne nous fait pas de mal, mais au contraire on voit derrière elle la souffrance de l'autre et on répond à la colère et à la haine par la compassion, permise grâce à l'impassibilité, au calme, à la sérénité du non-soi qui règne alors en nous.

Et c'est valable pour la musique, c'est nous qui déterminons si à notre oreille telle ou telle musique est agréable ou non. Certes la science à montrer que certes modulations de fréquences, certains sons, rythmes, intensités etc... on un effet sur notre corps, mais c'est nous qui décidons si nous trouvons cela agréable ou non (tant qu'il n'y a pas douleur physique). Un morceau de Hard Métal et une symphonie de Mozart sont intrinsèquement composés des mêmes notes. Seul l'agencement change, la puissance d'émission et nos goûts personnels.

Et plus l'on va entendre un son qui nous déplaît plus on voudra le fuir et plus il nous apparaîtra déplaisant surtout si les circonstances nous amènent à devoir le supporter un moment.

Vous comprenez ce que j'explique ?
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jules
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A propos du zazen en extérieur, à la campagne, c’est évidemment une chose très agréable ; on est bercé effectivement par le chant des oiseaux, par le vent dans les feuilles etc. Mais justement, je me souviens m’être dit à l’époque où j’habitais à la campagne, comme quoi ma réflexion plus haut n’est en fait pas si neuve que cela, que cette pratique en extérieur ne pouvait remplacer celle qui aurait lieu chez soi devant un mur dans un quasi silence, affirmant par là une intention de pratiquer sans aucune distraction. Mais attention, je ne rejette pas cette pratique en extérieur, simplement je pense qu’il serait dommage de ne pratiquer que de cette manière et de se priver d’un zazen à la maison, un zazen pouvant être qualifié peut-être comme je l’ai dit plus haut, de plus intransigeant.
Compagnon : Et plus l'on va entendre un son qui nous déplaît plus on voudra le fuir et plus il nous apparaîtra déplaisant surtout si les circonstances nous amènent à devoir le supporter un moment.


Justement, dans ce cas là j’ai remarqué que lorsque je m’efforçais d’écouter ces sons parasites avec attention, prenant à revers ma répulsion, cette dernière finissait par se tarir.
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