Bouddhisme et Christianisme

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jules
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Compagnon : @Jules : +1
Il faut combien de points en tout ? delphinus
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jules
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Comme l'état du Bouddha, qui est incomparable. :D
Lotus Bleu

@ Circé
Joan Osborne, excellent... love2
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chercheur
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Bouddhisme et Christianisme vont-ils finir par fusionner en occident comme l'ont fait le Vajrayana et le Bön au Tibet ?
Bouddhisme et christianisme, je ne pense pas. Mais je crois que la question n'est pas tout à fait correcte si je peux me le permettre. Il me semble que le bouddhisme évolue dans l'espace et le temps, mais il évolue selon la société du moment. Or je ne sais pas si on peu vraiment dire que l'on vit dans une société chrétienne comme au moyen-âge...

Par contre la fusion entre bouddhisme et athéisme ou bouddhisme et mouvement(spirituel ou pas) laïc sûrement !
ted

chercheur a écrit :
25 juillet 2017, 10:59
Or je ne sais pas si on peu vraiment dire que l'on vit dans une société chrétienne comme au moyen-âge...
On ne s'en rend peut-être pas compte, mais je crois bien que les valeurs chrétiennes ont infusé dans la société moderne. Même chez les athées. love3
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oui on vit dans une société judéo-chrétienne, je suis d'accord. Mais ça ne peut pas être comparable avec le moyen-âge ou là on était en plein dedans avec la religion qui s’immisçait dans tous les domaines de la vie : de la culture, de l'art, du quotidien, des lois, de la politique...

S'il y a eu un mélange avec le Bön ou l'hindouisme, c'est que le petit peuple ne voulait pas abandonner toutes leurs croyances, superstitions, et leur panthéon de dieux.

En Chine, le bouddhisme zen fut comme un vent frais dans les milieux intellectuels et la vue du zen pouvait aisément se "marier" avec le taoïsme, bien qu'il fut combattu par les confucianistes voyant le bouddhisme, la religion "barbare" comme un danger pour l'équilibre de l'ancienne société chinoise.

En Occident ce que les gens ont apprécié c'est tout d'abord l'exotisme, et aussi le fait que le bouddhisme soit une religion sans dieu. Après les traumatismes laissés par le monothéisme, suivre une religion non-culpabilisante ça fait du bien.

Le bouddhisme zen se dépouille des rituels en France. Et maintenant on peut retrouver le vocabulaire de la spiritualité laïque, mindfulness & co arriver dans les centres bouddhistes - j'essayerai de trouver des exemples, on peut trouver une vidéo intéressante sur ce thème une conférence donnée par Eric Rommeluère :
https://www.youtube.com/watch?v=IrGbF5iDMgQ
faut être patient elle dure 3 heures ::mr yellow:: y a des longueurs mais il explique aussi la naissance du bouddhisme en France, et les origines (juives d'ailleurs c'est drôle) de la méditation laïque.
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Pour ceux que ça intéresse voici un extrait d'article du site Dans le sillage d'Advayavajra concernant l'introduction des pratiques théistes dans le bouddhisme tibétain :
Āryadeva ou Indrabhūti, à qui sont attribuées les versions tibétaines du Cittaviśuddhiprakaraṇa, est très conscient du caractère provisoire des moyens que l’on choisit pour donner corps à la pensée éveillée. Il rappelle que peu importe la méthode, ce qui importe c’est qu’elle procède d’une pensée pure et qu’on s’y applique avec un mental unifié.[8] A cette condition, on peut utiliser tous les moyens du monde, on est capable d’ingérer et de supporter tous les poisons. Qui peuvent même devenir du nectar. Ce qui rend possible cette transformation est la pensée éveillé, pas la méthode en elle-même. La pensée éveillé n’est pas une pensée magique. Au moyen âge indien et tibétain, période très théocentrée, les dieux étaient omniprésents dans les méthodes du monde. On s’adressait à eux pour accomplir les divers objectifs d’une existence humaine. Pas de problème, dit Āryadeva ou Indrabhūti. S’il faut passer par là, allons-y, mais toujours en procédant à partir de la pensée éveillée.

« Celui qui à travers sa pratique d'une divinité
S'efforce à faire le bien des êtres
Même s'il utilise les objets du yoga
Et en s'y fourvoyant, sera sans faute. »[9]

A condition de maintenir le Lien symbolique (scr. samaya), c’est-à-dire de rester conscient du caractère provisoire de la méthode (scr. upāya) que l’on adopte et adapte éventuellement. C’est ce Lien symbolique qui sert de garde-fou. C’est le véritable sens de samaya. Autrement dit, il est permis aux bouddhistes « du vajrayāna » d’épouser des méthodes shivaïstes, vishnouïstes, chamanistes etc. à condition de maintenir la pensée éveillée et de maintenir les Liens symboliques (scr. samaya).

« En pensant bien à tous les Liens symboliques (scr. samaya),
Tout en faisant le culte des dieux
Il faut les considérer comme un bien, sans avoir de doutes
Il faut les utiliser en les exhortant par des mantras
Et en appliquant les trois syllabes
On apprend, on réalise et l'on progresse (tib. spar). »[10]

Nous avons changé d’époque. Le monde dans lequel nous vivons n’est pas théocentré, bien que les traditions théocentrées ne cessent pas de se rappeler à notre bon souvenir. Les méthodes théocentrées ne sont plus en vogue. Pas de problème aurait dit Āryadeva ou Indrabhūti. Épousons les nouvelles méthodes, procédons toujours de la pensée éveillé et gardons le lien symbolique. Puisque le monde est une manifestation divine (ou que les choses sont par nature dépassionnées), les nostalgiques des dieux, pourront le considérer tout entier avec tout ce qu’il contient comme le corps de la divinité et lui rendre service de façon désintéressée par les méthodes en vogue. Du moment qu’ils possèdent la pensée éveillée, ils seront préservés de son poison.

Le culte des divinités (scr. devatāpūja) n’était de toute façon qu’une méthode provisoire, un poison, que l’on pouvait ingérer et transformer en nectar, mais un poison tout de même. Continuons en changeant de poison.
L'article en entier : http://hridayartha.blogspot.fr/2015/01/ ... deste.html
ted

En fait, qu'est-ce que "la pensée éveillée" ?

Je dirais, voir les croyances pour ce qu'elles sont : une activité de l'esprit. Sans préjuger si ces croyances sont légitimes ou pas. Ont une base légitime ou pas.

Sachant quand même que si on recherche une base à quoi que ce soit, on tombe sur la vacuité de ce quelque chose.

Je vois quand même une différence d'approche :
  • Les méthodes théistes ont une fin en soi. Leur objectif étant de transformer le pratiquant en une bonne personne.
  • Tandis que la pensée éveillée considère la personne (bonne ou mauvaise) seulement comme une étape vers la réalisation de la vacuité.
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chercheur
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Les méthodes théistes ont une fin en soi. Leur objectif étant de transformer le pratiquant en une bonne personne.
Pas seulement. Je crois qu'il faut se défaire de notre arrière plan chrétien. Les dieux ne sont pas utilisés de la même façon.

Dans le bouddhisme tibétain on se sert de ces dieux, ou plutôt de leurs représentations comme des moyens. Alors cela peut être des moyens pour avoir des pouvoirs ( d’où tout le panthéon courroucé des dieux effrayants puissants et violents !) mais aussi pour se concentrer. Pour certaines personnes c'est plus facile de se concentrer sur la peur, ou la furie pour d'autres sur la beauté ou le sentiment de paix. Les représentations des dieux peuvent être effrayantes, fascinantes, attirantes... Tout cela produit quelque chose sur notre conscience et ce quelque chose peut être affilié à des sons aussi (les bija-mantras, et les mantras). D'ailleurs quand on assiste à une cérémonie tibétaine, les 5 sens peuvent être mobilisés, et selon moi c'est pour produire ou toucher ce quelque chose en nous. (C'est mal dit, j'arrive pas à trouver mes mots).

Oui cela peut transformer quelqu'un en une meilleure personne mais je me demande si ce n'est pas aussi pour que le pratiquant puisse prendre contact avec une réalité en lui.

Tu sais, le bön c'est lié au chamanisme et dans le chamanisme il y a des rituels de possession. Je ne connais pas trop le bouddhisme tibétain, mais dans la pratique du yidam, je crois qu'à un moment le pratiquant s'identifie avec la divinité, pour l'incarner en quelque sorte, ou plutôt incarner les attributs ou les qualités de cette divinité.

Si je pense à Dieu, je me le représente. Si je continue à le faire automatiquement mon esprit se "dilate", s'"étend" essaye de devenir cet absolu.

Dans le dzogchen, ce qui pourrait avoir la même qualité c'est l'espace ou le ciel, alors on demande au méditant de regarder le ciel les yeux grands ouverts. On n'utilise pas de dieux mais le résultat est le même, mais en utilisant un autre moyen.

Dans un contexte laïque, avec la vision sans tête de Douglas Harding, avec quelques expériences on découvre que l'on a pas de tête, alors tout d'un coup, nos limites s'envolent, et on ressent un espace infini au dessus de nos épaules. La c'est encore un autre moyen pour finalement la même expérience...

Au final je ne sais pas si je deviens une meilleure personne, mais je me serais servi de différents moyens pour toucher peut-être une réalité. Pour en revenir au sujet de départ, le "problème" avec le christianisme ou avec les canons catholiques, c'est qu'on ne se sert pas de Dieu, ni de Jésus, ils sont imaginés comme des personnes loin de nous là haut dans le ciel, de temps en temps ils peuvent nous aider, mais on ne pourra jamais les "incarnés".

A noter que les mystiques ont une autre vision ou expérience mais ils ne sont jamais majoritaires, considérés hérétiques car trop éloigner de la doctrine officielle.
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