Tathagatagarbha (Nature de Bouddha)

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Voici un texte de Dilgo Khyentsé au sujet de la nature de Bouddha et de l'illusion :

La perception pure, Dilgo Khyentsé Rinpoché



"La perception pure est le point de vue extraordinaire du Véhicule de Diamant. Elle consiste à reconnaître la nature de bouddha qui réside dans tous les êtres et à percevoir la perfection et la pureté originelle dans tous les phénomènes. Chaque être possède l'essence de bouddha, un peu à la façon dont chaque grain de sésame contient de l'huile. L'ignorance est simplement la méconnaissance de cet état de fait. C'est la condition du mendiant qui ne sait pas qu'il y a un pot plein d'or enterré sous sa hutte. Le voyage vers l'Éveil, c'est la redécouverte de cette nature oubliée. C'est comme revoir le soleil qui n’a jamais cessé de briller, à mesure que les nuages qui le cachaient sont chassés par le vent.

Les qualités de l'état de bouddha imprègnent tous les êtres, à l'image de l'huile et du sésame. Expressions naturelles de la nature absolue, elles sont là depuis toujours, immuables et au complet. On peut donc dire que toutes les qualités du nirvana sont omniprésentes dans le samsara -monde de la souffrance et de l'illusion. Quel est le rapport entre les phénomènes de l’illusion et ceux de l’éveil ? Considérons les nuages dans le ciel. Ils se forment, en quelque sorte, grâce au ciel. Mais le ciel, lui, reste immuable : les nuages y surgissent puis, une fois que le vent les a dispersés, il réapparaît exactement tel que depuis toujours. De même, les phénomènes, même ceux du samsara, ne sont jamais séparés de la nature éveillée du nirvana. Ils se manifestent tous au sein de cette nature, mais en ne la modifiant en rien. Est-ce que, par conséquent, les phénomènes de l'Éveil sont à leur tour imprégnés par ceux de l'illusion ? Non, car la nature absolue est immuable. Aucune illusion, aussi profonde soit-elle, ne peut l'affecter. On peut donc dire que les phénomènes illusoires ne sont jamais distincts de la nature absolue, mais que la nature absolue ne les "contient" pas. En d'autres termes, la nature de bouddha est présente dans l’illusion, mais l’illusion n’est pas présente dans la nature de bouddha.

L'esprit n'a ni forme, ni couleur ni substance ; voilà pour son aspect vide. Mais il peut connaître les choses et percevoir une variété infinie de phénomènes ; c'est son aspect lumineux, c'est à dire connaissant. L’union inséparable de ces deux aspects - vacuité et luminosité - constitue ce que l'on appelle l'esprit originel immuable. Pour le moment, la clarté naturelle de votre esprit est voilée par vos égarements. Mais au fur et à mesure que ces voiles se dissiperont, vous commencerez à découvrir la radiance de la conscience éveillée, jusqu'au moment où vos pensées se libéreront à l'instant même où elles apparaîtront, comme un trait sur l'eau disparaît dés qu'on le trace. Quand on reconnaît directement la nature de l'esprit, c'est ce qu'on appelle nirvana. Quand elle est voilée par la méprise, c'est ce qu'on appelle samsara. Mais le samsara comme le nirvana n'ont jamais été distincts du continuum de la nature absolue. Quand la conscience éveillée atteint son degré de plénitude, les remparts de la confusion mentale s'écroulent et la citadelle de l'absolu, au-delà de la méditation, peut être conquise une fois pour toutes."

vu sur : http://eveilphilosophie.canalblog.com/a ... 13500.html
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davi
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Merci Chercheur pour ce texte.
Dilgo Khyentsé a écrit :[...]la nature de bouddha est présente dans l’illusion, mais l’illusion n’est pas présente dans la nature de bouddha.
Nous, êtres ordinaires, sommes au coeur-même de l'absolu qu'est cette Nature de Bouddha.
Dilgo Khyentsé a écrit :L'esprit n'a ni forme, ni couleur ni substance ; voilà pour son aspect vide. Mais il peut connaître les choses et percevoir une variété infinie de phénomènes ; c'est son aspect lumineux, c'est à dire connaissant. L’union inséparable de ces deux aspects - vacuité et luminosité - constitue ce que l'on appelle l'esprit originel immuable.
Je rajouterais que même les phénomènes perçus ne possèdent ni forme, ni couleur ni substance... en soi, et que ceux-ci ont la nature de l'esprit qui les perçoit. L'esprit étant vide ils sont vides (d'entité en soi). Si même l'esprit est vide, il ne reste rien (pour identifier un soi).
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Ca me fait penser à ces vers de Nyoshul Khenpo :
8
Observe donc les objets qui adviennent au-dehors,
Plus trompeurs que faux-semblants,
Ils sont, comme l'eau d'un mirage,
A l'évidence un songe, une hallucinations magique,
pareille au reflet de la lune dans l'eau, pareille à l'arc-en-ciel.
9
Au dedans, observe ton esprit :
Même s'il capte l'attention quand on n'y prend garde,
A l'examen, sa "nature propre" est introuvable;
Un rien qui se donne pour quelque chose, vide et transparent;
On ne peut le définir en disant : "c'est cela !",
Ce quasi-néant bouillonnant.
10
Regarde ce qui vient au jour
Dans chacune des dix orients :
Quel qu'en soit l'aspect,
La Réalité, son essence,
Est la vacuité, esprit de l'abîme.
11
Toutes choses étant de la nature du vide,
Puisque c'est le vide qui observe le vide,
Qui videra ce qui est à vider ?
12
L'illusion magique est témoin de l'illusion magique,
Et l'égarement observe l'égarement :
Dès lors que faire des nombreuses catégories Telles que le "vide" et le "non-vide" ?

http://consciencesansobjet.blogspot.fr/ ... dorje.html
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davi
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chercheur a écrit :
25 septembre 2017, 21:14
Ca me fait penser à ces vers de Nyoshul Khenpo :
Au dedans, observe ton esprit :
Même s'il capte l'attention quand on n'y prend garde,
A l'examen, sa "nature propre" est introuvable;
Quand l'attention ordinaire se porte sur l'esprit, celui-ci devient ordinaire. Il nous faut porter une attention particulière, qui sort de l'ordinaire, à la fois stable et profonde, pour que l'esprit devienne l'Esprit !
Dernière modification par davi le 25 septembre 2017, 22:18, modifié 1 fois.
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l nous faut porter une attention particulière, qui sort de l'ordinaire, à la fois stable et profonde, pour que l'esprit devienne l'Esprit !
Quel genre d'attention, et sur quoi ? En arrière-plan n'y a-t-il toujours pas que l'Esprit ?
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davi
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Si c'est en arrière-plan, ce n'est pas conscient, ce n'est pas vécu; nous sommes dans l'illusion et nous souffrons. Quant à l'attention, laquelle se focalise sur un aspect en particulier d'un objet, il en existe de deux sortes : l'une incorrecte et l'autre correcte. Une attention incorrecte focalise l'esprit sur un aspect d'un objet qui n'existe pas. Par exemple l'attention qui focalise sur le fait que l'argent est une source de bonheur en soi ou qu'à l'intérieur du samsara il est possible de trouver un vrai bonheur est une attention incorrecte, tandis que l'attention qui focalise sur le fait que la compassion est la motivation de l'illumination ou que la pratique de la concentration est source de paix est une attention correcte. En tant qu'être ordinaire nous avons surtout des attentions ordinaires, c'est-à-dire incorrectes. Générer des attentions correctes, ce n'est pas ordinaire, pas naturel. C'est pourquoi je dis que c'est particulier. Si c'était ordinaire de générer des attentions correctes, nous serions devenus des Eveillés depuis longtemps déjà... :-(
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Voici ci-dessous un texte de Dudjom Rinpoché, je conseille vivement de le lire en entier ici : http://fleursdudharma.com/textes/titres ... sement.php et de lire celui-là aussi : http://fleursdudharma.com/textes/titres ... gondro.php

( J'ai souligné le passage qui "corroborerait" "ma" théorie concernant l'intervalle entre deux pensée )
AYANT DONC COUPE DE L’INTERIEUR TOUS LES DOUTES ET IDÉES FAUSSES A PROPOS DE LA VUE, FAIRE EXPÉRIENCE DE CETTE VUE CONTINUELLEMENT EST APPELÉ MÉDITATION

A part ceci, toutes les méditations qui ont un but sont des méditations intellectuelles élaborées par les pensées, nous ne faisons rien comme cela. Sans vous écarter de la fermeté de cette vue, restez libres, relâchant toutes les perceptions des cinq portes des sens dans leur état naturel. Ne méditez pas sur des détails, en pensant, « C’est ceci, c’est cela ». Si vous « méditez », c’est l’intellect. Il n’y a rien sur quoi méditer. Ne vous laissez pas distraire, ne serait-ce qu’un instant. Si vous vous éloignez de votre demeure dans la conscience elle-même, cela est la véritable illusion, ainsi ne soyez pas distrait. Quelles que soient les pensées qui apparaissent, laissez-les apparaître. Ne les suivez pas, ne les entravez pas. Vous pourriez vous demander ? « Alors qu’est-ce qui devrait être fait ? »

Quelles que soient les manifestations du monde phénoménal qui puissent apparaître, restez dans un état de fraîcheur naturelle, sans vous attacher à elles comme un petit enfant qui regarde à l’intérieur d’un temple. Si vous agissez ainsi, tous les phénomènes restent à leur propre place, leur aspect n’est pas modifié, leur couleur ne change pas, leur éclat ne s'estompe pas. Bien que le monde phénoménal soit présent, si vous ne le contaminez pas en voulant et en vous accrochant, toutes les apparitions et pensées s’élèveront comme la sagesse originelle nue du vide rayonnant. Le grand nombre d’enseignements soi-disant très profonds et très vastes déconcertent les gens à l’intellect étroit. Aussi, si nous devions montrer du doigt la signification essentielle qui ressort d’eux tous, on dirait que lorsque les pensées passées ont cessé et que les pensées futures ne sont pas apparues, dans l’intervalle, n'y a-t-il pas de perception du maintenant, une fraîcheur vierge, impeccable, claire, éveillé et nue qui n’a jamais changé d’un cheveu ? Oh ! C’est la conscience elle-même.

Maintenant, on ne reste pas à jamais dans cet état. Est-ce qu’une pensée n’apparaît pas soudainement ? C’est une manifestation de la conscience elle-même. Mais si vous ne la reconnaissez pas comme telle au moment même où elle apparaît, cette pensée se répandra en tant que pensées ordinaires. C'est ce qu'on appelle « la chaîne de l’illusion ». C’est la racine du samsara. Si vous reconnaissez simplement la nature des pensées immédiatement quand elles apparaissent, sans les développer, en les laissant libres à elles-mêmes, alors toutes les pensées qui apparaissent sont toutes spontanément libérées dans l’étendue de la conscience – le Dharmakaya. Ceci, en soi, est la pratique principale unifiant la vue et la méditation de Thregchöd (8). Comme Garab Dorje l’a dit : « Quand la conscience apparaît soudainement de l’état naturel de l’étendue primordialement pure, ce souvenir immédiat est comme trouver une pierre précieuse dans les profondeurs de l’océan. C’est le Dharmakaya qui n’a pas été inventé ou fabriqué par qui que ce soit ». Vous devriez faire l’expérience de ceci avec beaucoup d’énergie, jour et nuit, sans distraction. Ne pas permettre à la vacuité de rester dans le domaine de la théorie, ramener chaque chose à la conscience elle-même.
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jules
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Davi : nous sommes dans l'illusion et nous souffrons.
"Demander à la vie ce qu'elle ne peut nous donner" comme le dit Ajahn Brahm c'est s'illusionner sur la vie.
La seule chose que puisse nous donner la vie, c'est cet instant présent, et cet instant contient tous les possibles selon la manière dont on en use. Celui qui en use pour se désoler de ce qui est, est un être ordinaire. En revanche, celui qui sait user des circonstances les plus désastreuses pour actualiser l'illumination, est un Bouddha.
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"La nature de l'esprit doit être reconnue par la nature de l'esprit. Ce n'est pas 'toi' qui reconnais la nature de l'esprit, c'est ta nature de l'esprit qui reconnaît ta nature de l'esprit. C'est tellement facile que c'en devient très difficile. C'est là tout le temps. Notre esprit reconnaît notre nature de l'esprit tout le temps. Nous ne sommes jamais séparés. Mais néanmoins, comme l'exprime la prière du Mahamoudra: "Sous l'effet de l'ignorance, l'auto-conscience se (mé) prend pour un 'moi'. Donc à cause de l'ignorance, la nature de l'esprit qui se reconnaît à chaque instant, à chaque instant on la prend pour 'je'."

Tai Situ Rinpoché


Vu ici : http://khordong.blogspot.fr/2016/05/rec ... sance.html
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davi
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jules a écrit :
27 septembre 2017, 14:33
Davi : nous sommes dans l'illusion et nous souffrons.
"Demander à la vie ce qu'elle ne peut nous donner" comme le dit Ajahn Brahm c'est s'illusionner sur la vie.
La seule chose que puisse nous donner la vie, c'est cet instant présent, et cet instant contient tous les possibles selon la manière dont on en use. Celui qui en use pour se désoler de ce qui est, est un être ordinaire. En revanche, celui qui sait user des circonstances les plus désastreuses pour actualiser l'illumination, est un Bouddha.
Il existe des situations désastreuses pour un Bouddha ? :)
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