Attention & conceptualisation ?

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tirru...
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A propos des kilesas Maitre wiki dit :
Le Visuddhimagga distingue dix souillures de l'esprit (termes pālis) :
  • la convoitise (lobha),
  • la haine, l'aversion (dosa),
  • l'égarement (moha),
  • l'orgueil (māna),
  • la spéculation (diṭṭhi),
  • le doute sceptique (vicikicchā),
  • la torpeur mentale (thīna),
  • l'agitation (uddacca),
  • l'impudeur (ahirika),
  • l'absence de crainte morale ou inconscience (anottappa).
Les trois poisons (lobha, dosa, moha) sont les racines karmiquement mauvaises (akusala-mūla) qui conduisent à dukkha.
Si ce forum en est exempt, j'aimerais bien savoir comment le mesurer ?
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davi
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tirru a écrit :
Dans le bref éclair de cet « instant-mental » vous faites l'expérience d'une chose en tant que non-chose. Vous expérimentez un instant fluide et doux d'expérience pure, faisant partie de l'ensemble de la réalité, non séparé. L'Attention ressemble beaucoup à la vision périphérique, comparée à la dure mise au point de la vision centrale ou normale. Pourtant, cet instant de douce conscience, non focalisée, contient une sorte de savoir très profond, qui est perdu dès que vous concentrez votre esprit et que vous objectivez l'objet en tant qu'objet. Dans le fonctionnement ordinaire de la conscience, la phase d'Attention est si fugitive qu'elle n'est pas observable. Nous avons pris l'habitude de gaspiller notre attention sur toutes les phases suivantes, nous concentrant sur la perception, en développant la compréhension, la conceptualisant, et plus que tout, nous investissant dans une longue chaîne de pensées symboliques. Le moment original d'Attention est rapidement dépassé. Le but de Vipassana est de nous entraîner à prolonger cet instant de conscience sans ego.
De ce que je comprends Sati, l'Attention, se produit naturellement suite au contact avec un objet dès le premier moment. Dans cet instant fugitif, l'objet nous apparaît dans sa vraie nature d'être, et puis le mental s'empare de l'affaire en développant de fausses idées et autres émotions perturbantes. La vraie nature d'être d'un objet est sa relation d'interdépendance avec sa cause et son environnement; il n'apparaît à la conscience qu'en dépendance de causes et conditions (=> vision périphérique de l'extrait ci-dessus). Donc, en concentrant notre attention sur cet aspect d'apparition à la conscience, nous revenons à ce moment premier. L'objet est vide de lui-même (vu dans le premier moment), tandis que le mental le rend existant en lui-même (moments suivants).
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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tirru...
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davi a écrit :
29 décembre 2017, 17:23
Donc, en concentrant notre attention sur cet aspect d'apparition à la conscience, nous revenons à ce moment premier. L'objet est vide de lui-même (vu dans le premier moment), tandis que le mental le rend existant en lui-même (moments suivants).
La concentration et l'attention sont deux facultés différentes. L'objet d'observation devrait être vu dans ces trois caractéristiques une fois que l'attention a été bien développée, à savoir : Anicca, Dukkha et Anatta. Ce que tu nommes "L'objet est vide de lui-même" est Anatta ?
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Zopa2
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Désolé Zopa, j'ai supprimé ton message par inattention ! :oops:
tirru... a écrit :
29 décembre 2017, 17:13
Tiens, je m'interroge aussi sur la spéculation, citée parmi les 10. Cela désigne quoi exactement ?
Buddha vaccana a écrit :diṭṭhi: vue, opinion, opinion spéculative, point de vue, croyance, credo, dogme. Sammādiṭṭhi est le premier constituant de l'ariya aṭṭhaṅgika magga, et consiste en la considération des quatre ariyasaccas. Lorsque le préfixe sammā- est absent, le mot diṭṭhi désigne généralement une opinion erronée. Toutes les diṭṭhis sont en principe abandonnées par un bhikkhu (Sn 4.5). Le Bouddha énumère et explique les 62 diṭṭhis erronées les plus répandues dans le Brahmajāla Sutta et dans le Sammādiṭṭhi Sutta, Sāriputta donne différentes explications de ce qu'est la vue correcte. Voir également la définition donné par le Bouddha dans le Mahāsatipaṭṭhāna Sutta. Les diṭṭhis forment l'une des sept anusayas.
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davi
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tirru... a écrit :
29 décembre 2017, 17:50
davi a écrit :
29 décembre 2017, 17:23
Donc, en concentrant notre attention sur cet aspect d'apparition à la conscience, nous revenons à ce moment premier. L'objet est vide de lui-même (vu dans le premier moment), tandis que le mental le rend existant en lui-même (moments suivants).
La concentration et l'attention sont deux facultés différentes. L'objet d'observation devrait être vu dans ces trois caractéristiques une fois que l'attention a été bien développée, à savoir : Anicca, Dukkha et Anatta. Ce que tu nommes "L'objet est vide de lui-même" est Anatta ?
Oui, Anatta ou non-soi. D'accord pour les trois caractéristiques. Quant à la concentration et l'attention, effectivement ce sont deux facultés distinctes, mais l'une (l'attention) sert de base à l'autre (la concentration), non ? S'il n'y a pas d'attention il n'y aura pas de concentration (alors qu'il peut y avoir de l'attention sans concentration).
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

tirru... a écrit :
29 décembre 2017, 15:51
Bonjour Ted,
ted a écrit :
29 décembre 2017, 02:13
Quand je commence à taper un message, je ne sais pas ce que je vais écrire. Je ne dis pas ça pour me faire mousser ou quoi mais parce que c'est vrai. :???: Je dis ça pour ceux qui imaginerait que j'entretiens de l'aversion envers eux ou que je peaufine des répliques la nuit.
Dois-je en conclure, que tu crois que mon message s'adressait a toi ?
Mais non, bien sur. :D
Je faisais allusion à une réflexion de Zopa...
:)
ted

tirru... a écrit :
29 décembre 2017, 17:13
A propos des kilesas Maitre wiki dit :
Le Visuddhimagga distingue dix souillures de l'esprit (termes pālis) :
  • la convoitise (lobha),
  • la haine, l'aversion (dosa),
  • l'égarement (moha),
  • l'orgueil (māna),
  • la spéculation (diṭṭhi),
  • le doute sceptique (vicikicchā),
  • la torpeur mentale (thīna),
  • l'agitation (uddacca),
  • l'impudeur (ahirika),
  • l'absence de crainte morale ou inconscience (anottappa).
Les trois poisons (lobha, dosa, moha) sont les racines karmiquement mauvaises (akusala-mūla) qui conduisent à dukkha.
Si ce forum en est exempt, j'aimerais bien savoir comment le mesurer ?
Un forum ne peut pas avoir de kilesas. Ce n'est pas une combinaison psycho-physique. Le forum n'a pas un esprit ni un comportement autonome.

Quant aux membres du forum, ils sont ce qu'ils sont, avec leurs qualités, leurs défauts, leurs peurs, leurs doutes.
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tirru...
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Ce n’est pas grave Ted, je vais mettre tes incohérences sur le compte des changements de solstices ! :D
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axiste
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Ted a écrit
Quand je commence à taper un message, je ne sais pas ce que je vais écrire
Bah, c'est pas toi qui écrit en fait...je le savais ! crysmiley
Penser est linéaire. Donc quand on pense, on ne peut penser qu’un mot à la fois. Et puis on se crée soi-même à travers la pensée. Et on met une étiquette sur tout. On s’attache et on se limite sans cesse pour se conformer aux circonstances et aux habitudes. Par contre, la conscience intuitive n’est ni mentale ni verbale ; c’est un acte d’attention imminente. Cela ne paraît peut-être pas grand-chose, mais, en réalité, cela inclut tout, englobe tout. L’attention intuitive ne porte aucun jugement, elle est réceptive, intelligente, elle a du discernement et elle n’est pas le produit de l’ignorance. Ce n’est pas une création personnelle
.
http://portail-dhamma.com/entretien-sur-le-dhamma
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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ShraWaKa
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Une tentative de clarification en forme de synthèse largement plagiée sur les enseignements audio du Vénérable Akincano que je vous recommande vivement.

Lorsqu'on évoque Sati, on parle de cette qualité utilisée dans les pratiques d'Anapanasati et Satipatthana.
En Français, on s'appuie souvent sur les termes, pleine conscience, vigilance, présence d'esprit, attention, sens de référence qui sont tous exactes mais réductionnistes…
Le mot originel provient de la langue védique dans laquelle, il signifiait, récollection ou souvenir.
Sati est parfois utilisé en ce sens restreint dans la culture bouddhiste, mais comme souvent le Bouddha à redéfini le terme afin d'en élargir la définition.

Sati, est le continuum éthiquement neutre dans lequel se déploient tous les événements de nos sens.
C'est au travers de Sati que nous sommes conscient que quelque choses se passe.
En l'absence de Sati notre esprit ne peut pas fonctionner.

La fonction fondamentale de Sati est d'apporter et rassembler les contacts qui apparaissent dans notre sphère sensorielle et de les placer devant notre 'œil intérieur'.
Sati possède également la faculté de pouvoir accompagner le mouvement d'un contact grâce à un phénomène de persistance ou résonance qui s'adapte à l'objet observé.
C'est au travers de ce mimétisme que Sati peut se développer et s'affiner en observant des objets de plus en plus subtiles.

Par ailleurs Sati n'est pas exclusive et permet aussi de balayer nos différents sens, elle a une qualité de mobilité et reste ouverte
(contrairement à la concentration de Samadhi qui se focalise et s'absorbe dans un objet unique à l’exclusion des autres).

C'est au travers de la pratique de Satipatthana que Sati va pouvoir être développée afin d’accéder à la vision pénétrante Vipassana.

Vipassana est la vision claire et directe des phénomènes, elle permettra de réaliser que notre mental conditionné déforme la réalité.
Pourquoi déforme ? parce que le processus cognitif qui élabore notre représentation du monde, mélange sournoisement la perception directe des sens avec un peu notre mémoire et de notre jugement, ce qui alimente l'illusion de l'ego.

Concrètement dans la méditation quand on pensera observer, par exemple, le mouvement de l'abdomen, on aura naturellement tendance à observer sa forme extérieure, se représentant plus ou moins inconsciemment son contour, ayant parfois recours à des planches anatomiques subliminales, bref des concepts.
Alors que la vision utile à la libération nécessite qu'on s'en tienne à une contemplation plus directe comme la tension, le relâchement, la fluidité du mouvement de l'abdomen et la manière dont ces contacts influent sur notre sphère sensorielle.

La réflexion est identique avec les enseignements qu'on a mémorisé.
Dans un mécanisme inconscient, on cherche trop à vouloir relier l'expérience du moment avec ce qui serait supposé être.
On se remémore plus ou moins consciemment les instructions, on échafaude sur les perceptions que l'on vient d'expérimenter, décollant imperceptiblement notre esprit de la réalité…
Alors qu'il est juste nécessaire de demeurer intensément dans l'instant présent et d'observer de la manière la plus attentive et la plus continue possible, sans conceptualiser...

flower_mid

EDIT réparation lien vers Re: De l'attachement à la théorie...
Dernière modification par ShraWaKa le 08 juin 2018, 10:07, modifié 2 fois.
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