Comment méditez-vous la vacuité ?

JULIEN44

Longchen a écrit :
02 février 2018, 07:55
Pour la vacuité une réponse (qui a déjà été donnée), est qu'il ne faut rien en dire, et, souvent, dans les écoles plus philosophiques cela fait l'objet de longs enseignements très approfondis...pour conclure également (il me semble) qu'il ne faut rien en dire.
Alors bon :lol: Butterfly_tenryu
Bonjour Longchen,
Message bien reçu et bien compris...
A plus tard.
jap_8
JULIEN44

axiste a écrit :
02 février 2018, 08:25
Voyant tous les cadeaux qui s'amoncelaient sur le fil je vous ai proposé la gratitude, et nous en sommes arrivés aux moines tibétains….
Bonjour axiste,

Désolé de pas avoir même remarqué avoir reçu des "cadeaux" dès lors que vous tentiez de me "répondre".
Finalement, je viens de comprendre où se situait le problème (voir extrait de votre message...)
Je comprend mieux.

A plus tard.
jap_8
JULIEN44

ShraWaKa a écrit :
01 février 2018, 23:15
C'est difficile à décrire sinon de préciser que pour ma part c'est une évidence qui se 'voit' sans devoir faire appel à une logique cognitive qui me fait perdre cette compréhension...
Et cela serait issu de quelle tradition du bouddhisme au juste ? :shock:
Suis-tu un maître qualifié ? :???:
Comment peux-tu savoir que tu ne t'auto-illusionnes pas ?? :roll:

A plus tard.
jap_8
Avatar de l’utilisateur
ShraWaKa
Messages : 326
Inscription : 12 août 2017, 00:09

JULIEN44 a écrit :
02 février 2018, 09:10
ShraWaKa a écrit :
01 février 2018, 23:15
C'est difficile à décrire sinon de préciser que pour ma part c'est une évidence qui se 'voit' sans devoir faire appel à une logique cognitive qui me fait perdre cette compréhension...
Suis-tu un maître qualifié ? :???:
Qui peut être plus qualifié que le Bouddha ?

Ce qui est dit est dit , ce qui n'est pas compris n'est pas compris.

Merci pour ces précieux échanges jap_8
flower_mid
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

Merci à toi ShraWaka et à tout les membres d'avoir participé à cet échange. jap_8
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

Bonjour Davi,
davi a écrit :
01 février 2018, 20:59
La méthode classique consiste à alterner entre phase analytique où nous essayons de trouver notre objet (ici la vacuité d'un phénomène ou du je), et phase contemplative où il convient de stopper l'analyse pour simplement observer notre objet. Au bout d'un moment plus ou moins long, quand l'objet se fait moins précis, apparaît moins clairement (à cause d'un manque de familiarité d'avec l'objet, ou à cause d'un engourdissement mental) ou que d'autres objets n'ayant rien à voir avec commence à s'y substituer (à cause de l'agitation mentale d'un esprit distrait ou trop tendu), nous retournons à la première phase, la phase analytique afin de retrouver notre objet que nous avons laissé s'échapper. Avec l'entraînement, la phase analytique se fait moins nécessaire et nous retrouvons rapidement notre objet ou bien nous ne le laissons jamais s'échapper jusqu'à ce que notre concentration soit en un seul point sur lui, sans aucune trace d'agitation ou d'engourdissement mental. Mais bon ça c'est l'idéal, que personnellement je suis loin d'avoir atteint... Cet entraînement à la concentration est dit être en neuf placements de l'esprit. Par exemple quand nous sommes au quatrième placement nous ne laissons jamais l'objet nous échapper grâce à l'action d'une forte vigilance. Il y a des obstacles à la concentration (huit) et il y a des opposants à ces obstacles (cinq). Par exemple la vigilance est l'opposant à l'oubli, mais ne peut se pratiquer qu'après avoir réalisé son objet une première fois (familiarité à force de méditations répétées). L'esprit d'alerte (qui reconnaît la présence d'un obstacle) est l'opposant à l'agitation et l'engourdissement mental. C'est très bien expliqué dans La Voie Joyeuse, l'ouvrage de référence de Guéshé Kelsang Gyatso, dans le chapitre de l'entraînement au calme stable. En fait le but est d'arriver à une vision/perception yogique directe de son objet laquelle est une perception mentale non conceptuelle qui unie concentration supérieure du calme stable et vue supérieure (ou vision profonde) de son objet.
Je ne connaissais pas cette approche d'autant que ce type de méditation n'a pas d’équivalent dans le bouddhisme Theravada, du moins, pas à ma connaissance. D’après Walpola Rahula la doctrine de la vacuité n'est pas propre au Mahayana :
Walpola Rahula a écrit :Certains pensent que la vacuité (ou sunyata) explicitée par Nagarjuna est une doctrine propre à l’enseignement Mahayana. Cette notion est basée sur l’idée de non-soi (anatta), sur paticcamappada ou processus de la coproduction conditionnée, qui se trouve dans les textes originaux en langue palie du Theravada. Une fois, Ananda demanda au Bouddha : « Certains disent que le monde n’est que vacuité. Qu’est-ce que la vacuité ? » Et le Bouddha répondit : « Ananda, il n’y a pas de soi, ni rien qui dépende de soi dans le monde. En conséquence, le monde est vide. »

Cette idée a été reprise par Nagarjuna lorsqu’il écrit son ouvrage remarquable, le « Madhyamika Karita ».

A côté de la notion de vacuité, il y a le concept de « conscience fondamentale » (alayavijnava) dans le bouddhisme mahayana qui trouve ses racines dans les textes théravadins. Les Mahayanistes ont développé ceci dans une philosophie et une psychologie approfondies.
viewtopic.php?f=88&t=10285&p=58666#p58666
jap_8
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Avatar de l’utilisateur
Zopa2
Messages : 379
Inscription : 04 septembre 2015, 19:23

En lisant attentivement ce fil, j'ai repensé à cette phrase : ce qui se conçoit bien, s' énonce clairement.

C'est pourquoi tout essai pour clarifier des notions fondamentales, telle que la vacuité, n'est pas faire preuve de dispersion. Cela me semble au contraire bon et juste.
De plus, la notion de logique ne doit pas nécessairement être rattachée à l'insensibilité. Pas plus que l'analyse.
On pourrait multiplier les citations des maitres indiens et tibétains pour souligner le rôle de l'analyse dans la réalisation de la vacuité. Par exemple : Nagarjuna, Chandrakirti, Shantidéva, Aryadeva, Bhavaviveka,Tsongkhapa.... et même le Bouddha Shakyamuni dans les Sutras suivants : Samadhiraja Sutra (Sutra de la Reine des stabilisations méditatives), Ratnamegha Sutra (Sutra des Nuages des Joyaux) , ou encore le sutra des Questions de Brahma qui dit : " L'intelligent est celui qui analyse correctement les phénomènes individuellement." ( toutes les autres citations disponibles si cela intéresse)

Je suis donc proche de penser comme Julien.
Dernière modification par Zopa2 le 02 février 2018, 16:19, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
jules
Messages : 3228
Inscription : 15 février 2009, 19:14

Ananda demanda au Bouddha : « Certains disent que le monde n’est que vacuité. Qu’est-ce que la vacuité ? » Et le Bouddha répondit : « Ananda, il n’y a pas de soi, ni rien qui dépende de soi dans le monde. En conséquence, le monde est vide. »
Tous les concepts sont vides avant qu'un sens ne leur soit attribué, action qui se fait précisément par le biais d'autres concepts. Il y-a donc un jeu de miroir qui s'établit entre les concepts entre eux. Pour exemple, on réalise ce jeu de miroir lorsqu'on consulte un dictionnaire où le mot dont nous cherchons la signification est définit par d'autres mots se trouvant à leur tour définis dans ce même dictionnaire. D'une certaine manière, réaliser la vacuité, revient à être capable d'user de cette option consistant à ne pas ouvrir le dictionnaire.
Si je veux savoir ultimement ce qu'est le monde, je n'ai quelque part qu'une seule chose à faire : c'est vivre.
Avatar de l’utilisateur
ShraWaKa
Messages : 326
Inscription : 12 août 2017, 00:09

davi a écrit :
01 février 2018, 20:59
(...)C'est très bien expliqué dans La Voie Joyeuse, l'ouvrage de référence de Guéshé Kelsang Gyatso, dans le chapitre de l'entraînement au calme stable. En fait le but est d'arriver à une vision/perception yogique directe de son objet laquelle est une perception mentale non conceptuelle qui unie concentration supérieure du calme stable et vue supérieure (ou vision profonde) de son objet.
tirru... a écrit :
02 février 2018, 12:15
Bonjour Davi,
Je ne connaissais pas cette approche d'autant que ce type de méditation n'a pas d’équivalent dans le bouddhisme Theravada, du moins, pas à ma connaissance. D’après Walpola Rahula la doctrine de la vacuité n'est pas propre au Mahayana :
Décidément chaque porte ouverte en dévoile une autre!

La conclusion exposée par Davi ne me semble pas si différente de la tradition Theravada (et vice versa).

On peut reprendre cette conclusion en ajoutant quelques emphases:
En fait le but est d'arriver à une vision/perception yogique directe de son objet
laquelle est une perception mentale non conceptuelle qui unie
concentration supérieure du calme stable et vue supérieure (ou vision profonde) de son objet

........................Samatha, Samadhi, Jhana et Vipassana...............................
C'est expliqué dans la deuxième vidéo [A partir de 6:10] concernant Ayya Khema et son enseignement que Longchen a aimablement posté dans la section Theravada.

C'est un cheminement que j'avais résumé dans le post Attention & conceptualisation ? en m'appuyant sur le discours du Vénérable Akincano.

flower_mid
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

SharWaka a écrit :Décidément chaque porte ouverte en dévoile une autre!
Aussi nombreux les chemins soient-ils, ils mènent tous au sommet de la montagne !

Encore un petit aperçu de l'approche du Theravada par rapport à la vacuité :
Ajhan Sumedho a écrit :La sagesse du Bouddha n’est rien d’autre : connaître le conditionné en tant que conditionné, et le Non-conditionné comme Non-conditionné. Les bouddhas reposent dans l’Inconditionné et, sauf en cas de nécessité, ne se laissent plus absorber par quoi que ce soit. Ils ne sont plus trompés par les phénomènes conditionnés, et ne sont attirés que par l’Inconditionné, l’espace et la vacuité – plus par les phénomènes impermanents qui emplissent l’espace.

Pendant la méditation, maintenant, alors que vous prenez conscience de la vacuité de l’esprit, de toute l’étendue de l’esprit, vos attachements et vos répulsions habituels, vos peurs, vos doutes et vos inquiétudes relatifs à tout ce qui est conditionné diminuent. Vous commencez à comprendre que ce ne sont que des choses qui apparaissent et disparaissent, qu’il n’y a pas de soi, rien qui mérite que l’on s’enthousiasme ou que l’on se lamente : les choses sont comme elles sont. Nous pouvons permettre aux phénomènes d’être simplement, car ils vont et viennent – comme leur nature est de disparaître, nous n’avons pas à les faire disparaître. Nous devons être suffisamment libres, patients et endurants afin de laisser les choses suivre leur cours naturel. De cette manière, nous pouvons nous libérer des tensions, des conflits et de la confusion de l’esprit ignorant qui passe tout son temps à évaluer et sélectionner, pour essayer de retenir ceci et rejeter cela.
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Répondre