Tout est esprit

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Floch
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En cherchant comment se libérer de l'attachement, j'ai trouvé ceci qui me semble correspondre ç ce sujet que tu as ouvert. :)
http://vipassanasangha.free.fr/t18_attachement.htm

La troisième façon de se libérer de l'attachement est de comprendre qu'il n'y a pas de soi.

S’il n'y a pas de soi, qui est en train de lire ce texte ou d'écouter ce discours ? Qui est triste ? Qui est en colère ? Qui est joyeux ?

Il est difficile de comprendre cette notion de « je » « moi » « mien ». C'est en fait un concept, une fabrication de l'esprit et nous y sommes très attachés.

La souffrance la plus profonde provient de la perception que nous avons du « soi » parce que nous avons une vision superficielle et erronée de notre apparence. Par exemple, quand nous regardons un arbre, qu'est ce que l'arbre ? Est-ce le tronc ? Est-ce les branches ? Les feuilles ?

Il n'y a rien en soi qui est l'arbre. C'est un concept qui décrit l'apparence de quelque chose avec plusieurs parties interdépendantes. Le concept du soi est comme le concept de l'arbre, il se réfère à une apparence. Si on observe attentivement, on peut voir qu'il n'y a rien en soi que nous pouvons appeler « moi » « mien ». Nous ne voyons pas profondément la nature des choses, nous nous attachons à notre vision superficielle du « soi », nous nous identifions à notre corps, à nos émotions. Nous nous identifions à nos pensées, nous pensons « c'est moi qui pense », mais il n'y a personne qui pense, il y a seulement les pensées.
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davi
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Oui Floch, le jour où nous n'aurons plus l'idée du soi nous serons libérés. Naturellement nous voyons le soi. Voir le soi c'est nous voir de notre côté et voir l'objet de notre pensée de son côté, comme si les deux étaient totalement séparés, comme si l'objet qui nous apparaissait n'avait aucun lien avec notre pensée, alors qu'en fait, les deux apparaissent en même temps; notamment l'objet ne préexiste pas à notre pensée. Les êtres ordinaires ont la vision dualiste, tandis que les Bouddhas ne l'ont pas. Quand nous avons la vision d'un arbre, ce n'est pas un arbre qui existait qui nous apparaît, attendant d'être perçu par nous, mais c'est une forme qui (nous) apparaît en dépendance de causes et conditions circonstancielles, que nous appelons "arbre". Quand nous cessons de regarder du côté des causes et conditions (relatives), la forme disparaît (sauf à maintenir son souvenir), mais l'arbre ne disparaît pas car l'arbre n'a jamais existé.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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davi
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La différence fondamentale entre un Bouddha et un être ordinaire, c'est qu'un Bouddha a toujours l'absence de soi à l'esprit alors qu'un être ordinaire a toujours le soi.

En tant qu'être ordinaire nous voyons des choses qui nous sont extérieures, et nous nous voyons extérieurs à ces choses. Chacun sa vie autrement dit. Cette manière de voir est vraiment ancrée en nous d'une façon incroyable. Il ne viendrait à l'idée de personne normalement équilibrée de penser autrement. Cependant, il y a un fond d'incompréhension associé à un arrière-goût d'insatisfaction. En réalité nous ne savons pas vraiment ce que nous faisons là, dans ces conditions-là. Notre façon de voir est au mieux incomplète, au pire erronée. En résulte une absence de paix intérieure.
Dans l'apaisement de tous les points de référence,
L'apaisement de la discursivité, la paix,
Le Bouddha n'enseigna aucun Dharma
Nulle part ni à personne.


Nagarjuna, Stances fondamentales de la Voie médiane

Note: discursivité et points de référence désignent toute la gamme des représentations mentales et de leurs niveaux sous-jacents qui créent tous les points d'ancrage dans le rapport sujet-objet et nous y relient constamment. La discursivité représente le côté subjectif de ce processus, alors que les points de référence en sont l'aspect objectif. La discursivité et les points de référence se trouvent chez les êtres ordinaires et, à un degré moindre, chez les êtres sublimes [Arhats] quand ils ne sont pas établis en absorption méditative. La discursivité va des pensées grossières aux tendances dualistes les plus subtiles qui distinguent le sujet percevant de l'objet perçu. Par exemple, ces tendances se manifestent de telle manière que pour nos consciences sensorielles, il semble y avoir des objets extérieurs perçus par un esprit différent d'eux, même quand on comprend que les objets extérieurs ne sont pas différents de l'esprit et que l'esprit n'existe pas réellement.

Karl Brunnhölzl, Au Coeur du Ciel - Le système de la Voie médiane dans la tradition Kagyu (volume I)
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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Floch
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davi a écrit :
11 mai 2018, 16:21
Note: discursivité et points de référence désignent toute la gamme des représentations mentales et de leurs niveaux sous-jacents qui créent tous les points d'ancrage dans le rapport sujet-objet et nous y relient constamment. La discursivité représente le côté subjectif de ce processus, alors que les points de référence en sont l'aspect objectif.
Bonjour Davi,
Je trouve cette partie un peu compliquée à comprendre...
Pourrais-tu me donner un exemple ou préciser un peu plus s'il-te-plait ?
Je cherche...mais... pour le moment, je n'ai rien trouvé qui m'aide...
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davi
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Bonsoir Floch,
davi a écrit :
11 mai 2018, 16:21
Dans l'apaisement de tous les points de référence,
L'apaisement de la discursivité, la paix,
Le Bouddha n'enseigna aucun Dharma
Nulle part ni à personne.


Nagarjuna, Stances fondamentales de la Voie médiane
La strophe ci-dessus s'adresse aux êtres qui font l'expérience de la nature ultime des phénomènes pendant leur absorption méditative. Pour ces êtres, il n'y a aucun Dharma, nul endroit, ni personne, parce que ces considérations sont du domaine des points de référence et de la discursivité.
Floch a écrit :
11 mai 2018, 18:36
davi a écrit :
11 mai 2018, 16:21
Note: discursivité et points de référence désignent toute la gamme des représentations mentales et de leurs niveaux sous-jacents qui créent tous les points d'ancrage dans le rapport sujet-objet et nous y relient constamment. La discursivité représente le côté subjectif de ce processus, alors que les points de référence en sont l'aspect objectif.
Bonjour Davi,
Je trouve cette partie un peu compliquée à comprendre...
Pourrais-tu me donner un exemple ou préciser un peu plus s'il-te-plait ?
Je cherche...mais... pour le moment, je n'ai rien trouvé qui m'aide...
En fait ce sont toutes les élaborations conceptuelles de l'esprit qui tend à séparer/éloigner un peu plus celui-ci de son objet (en nature). L’esprit ordinaire (ou dualiste) a besoin de repères pour pouvoir évoluer dans un environnement qu’il ne reconnaît pas. Il a besoin d’explications; c'est ici que le mental confus entre en action en élaborant tout un système de pensées. Par exemple l'esprit a besoin de se situer dans l'espace et dans le temps, par rapport à d'autres, par rapport à des jugements de valeur. Œuvrant en conséquence, dans la confusion, il engendre la confusion (=> existences cycliques).
Dans l'océan de l'esprit, il n'y a aucun point d'ancrage. Alors emporté par la confusion, nous nous cramponnons à notre impulsion initiale de vouloir saisir quelque chose de fixe. Cette tendance impulsive à s'agripper devient alors notre premier point d'appui, que nous appelons "moi". C'est en quelque sorte une auto justification très élémentaire de notre existence. [...] Ce premier point d'attache central - moi - conduit naturellement à sa contrepartie - l'autre - et à tout ce qui s'ensuit : sujet, objet, extérieur, intérieur, bon, mauvais, etc.

[...]
En adoptant un point de vue,
Vous vous ferez mordre par les serpents rusés des afflictions.
Ceux dont l'esprit n'en adopte aucun
Ne se laisseront pas prendre.

La présence d'un point d'appui
Entraînerait le désir et sa libération.
Mais les grands êtres qui n'ont aucun point d'appui
N'ont pas de désir et n'ont pas à s'en libérer.

Ceux qui n'adhèrent pas même
A la pensée très subtile qu'"il n'y a rien"
Ont traversé le terrifiant océan des existences
Agité par les serpents des afflictions.

Nagarjuna, Soixante Stances sur la logique


Karl Brunnhölzl, Au Coeur du Ciel - Le système de la Voie médiane dans la tradition Kagyu (volume I)
Dis-moi si c'est plus clair... :neutral:
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Floch
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Oui, merci Davi,
C'est plus clair maintenant. :)
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Longchen
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Par rapport à la strophe de Nagarjuna qui a été citée cela m'a un peu fait penser à des mots que j'avais entendu pendant un enseignement de Trinlay Tulkou Rinpoché qui est très érudit.
Il avait dit que si cela se trouve le Bouddha n'avait jamais rien enseigné à personne, qu'on en savait rien (du fait que ses paroles ont été retranscrites bien plus tard).

Franchement j'avais ouvert de grands yeux en entendant cela, mais c'était peut être aussi le but, interpeller le public, et selon ce que j'avais compris, dire que le vrai Bouddha est là avec nous.
L’instant présent 🙏
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jules
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Dans l'apaisement de tous les points de référence,
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Nagarjuna, Stances fondamentales de la Voie médiane
jap_8
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davi
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Lama Guendune Rinpoché a écrit :Qu’est-ce que l’esprit?
L’esprit est ce qui produit des pensées, parfois très actif, parfois calme, parfois heureux, parfois malheureux, parfois doux, parfois violent.

Tout cela est l’esprit, et pourtant ce n’est pas cela.

En effet, si nous cherchons l’esprit, rien n’est trouvé, si nous le regardons, rien n’est vu, si nous l’analysons, il n’en reste rien. Si nous voulons le saisir, nous n’attrapons rien, si nous le rejetons, il ne s’en va pas, si nous le posons, il ne reste pas. Si nous voulons l’unir à autre chose, il ne se mélange pas, si nous cherchons à le diviser, il ne se sépare pas, si nous voulons en prélever une partie, il ne se partage pas. Il n’est pas connu par l’observation, il n’est pas expliqué par une démonstration…

Il se situe, en fait, au-delà de toutes les représentations mentales d’existence, de non-existence, des deux à la fois ou de ni l’un ni l’autre.
C’est pourquoi on le définit comme GRAND MILIEU et la position qui le caractérise s’appelle LA GRANDE VUE MÉDIANE qui se situe à l’écart de tous les extrêmes.
Le seul moyen de réaliser la nature de l’esprit, c’est l’absorption méditative, le samadhi, qui conduit à la vision directe, non discursive, non conceptuelle de l’essence de toute chose.
C’est la raison pour laquelle la méditation est le cœur de l’apprentissage spirituel.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guendune_Rinpoch%C3%A9
https://eveiloriental.com/2013/06/12/qu ... -rinpoche/
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Floch
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davi a écrit :
26 avril 2018, 20:46
Floch a écrit :
25 avril 2018, 22:45
Je relirai quand même ceci plusieurs fois... :)
C'est nécessaire. Le Dharma c'est la pratique de l'écoute, de la réflexion, de la méditation, en boucle. On n'hésite pas à revenir sur les notions déjà vues, parce qu'avec la pratique, l'angle de vue change, la compréhension change; on voit les choses différemment. Les notions obscures ou mal comprises deviennent plus claires ou mieux comprises.
Bonjour David et merci pour ce que tu avais posté. Ces notions étaient encore obscures en effet mais elles commencent vraiment à s'éclaircir.
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