Différence entre sensations et perceptions

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jules
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ShraWaKa : Il est avant tout nécessaire de comprendre que le processus cognitif qui élabore notre représentation du monde est 'falsificateur' et qu'il est possible de recouvrer la 'vue juste' en pratiquant l'attention soutenue.
Je reviens un instant sur ta proposition. Si j'en crois Wiki, c'est l'attachement à ce processus cognitif qui est 'falsificateur'.
L'attachement à l'un ou plusieurs des cinq agrégats, s'il n'est pas tranché, provoque la souffrance (dukkha) chez celui qui croit en son existence et n'a pas conscience de l'impermanence des phénomènes (anitya), ni de l'absence de soi (anātman). Dans ce cadre, « les cinq agrégats d'attachement sont souffrance » https://fr.wikipedia.org/wiki/Skandha
Car autrement, ce processus cognitif est symboliquement la Lumière qui illumine la Grotte.

jap_8
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jules
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jules :
ShraWaKa : Il est avant tout nécessaire de comprendre que le processus cognitif qui élabore notre représentation du monde est 'falsificateur' et qu'il est possible de recouvrer la 'vue juste' en pratiquant l'attention soutenue.
Je reviens un instant sur ta proposition. Si j'en crois Wiki, c'est l'attachement à ce processus cognitif qui est 'falsificateur'.
...du coup, recouvrer la vue juste en pratiquant l'attention soutenue reviendrait peut-être à tourner notre attention sur l'impermanence de la manifestation qui serait l'aspect réel de cette dernière, aspect sur lequel se focaliserait exclusivement la vue juste...qui ne verrait que cette chose en quelque sorte ; immobilité du reflet de la lune qui n'est pas emporté par le courant du ruisseau.
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ShraWaKa
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Merci Jules pour ces précisions.

L'attachement (ou l'aversion) est effectivement source de souffrance.

Mais cet attachement n'est pas seulement la conséquence de l’appétence mais aussi celle de l'ignorance.

Qu'est ce que l'ignorance sinon ne pas voir les choses telles qu'elles sont réellement ?

Lorsqu'on a vu le caractère insatisfaisant (dukhata), impermanent (anniccata), et impersonnel (anattata) des sensations (vedana), on ne se laisse plus embarquer aussi facilement par le jeu de l'ego.

On a compris par l'observation l'enchaînement causal sournois que le Boudha décrit dans l'upanisā sutta:

C'est ainsi que les fabrications (saṅkhārā) ont l'ignorance (avijjā) pour prérequis,
que la conscience (viññāṇa) a les fabrications pour prérequis,
que le nom et forme (ou esprit-matière: nāmarūpa) a la conscience pour prérequis,
que les organes des sens (saḷāyatana) ont le nom et forme pour prérequis,
que le contact (phassa) a les organes des sens pour prérequis,
que la sensation (vedanā) a le contact pour prérequis,
que le désir insatiable (taṇhā) a la sensation pour prérequis,
que l'attachement (upādāna) a le désir insatiable pour prérequis,
que le devenir (bhava) a l'attachement pour prérequis,
que la naissance (jāti) a le devenir pour prérequis,
que le mal-être (dukkha) a la naissance pour prérequis,
que la conviction (saddhā) a le mal-être pour prérequis,
que la joie (pāmojja) a la conviction pour prérequis,
que la béatitude (pīti) a la joie pour prérequis,
que la sérénité (passaddhi) a le ravissement pour prérequis,
que le plaisir (sukha) a la sérénité pour prérequis,
que la concentration (samādhi) a le plaisir pour prérequis,
que la connaissance et la vision des choses telles qu'elles sont dans les faits présentes (yathābhūtañāṇadassana) ont la concentration pour prérequis,
que le désenchantement (nibbidā) a la connaissance et la vision des choses telles qu'elles sont dans les faits présentes pour prérequis,
que le détachement (virāgo) a le désenchantement pour prérequis,
que la libération (vimutti,) a le dépassionnement pour prérequis,
que la connaissance de la terminaison (khayeñāṇa) a la libération pour prérequis.


Source upanisā sutta buddha-vacana.org
flower_mid
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jules
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Tiens, voilà ce qu'on trouve comme image correspondante pour khayeñāṇa :D

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C'est ainsi que les fabrications (saṅkhārā) ont l'ignorance (avijjā) pour prérequis,
que la conscience (viññāṇa) a les fabrications pour prérequis,
(...)
que la connaissance de la terminaison (khayeñāṇa) a la libération pour prérequis.
En somme, c'est tout un mécanisme psycho-physiologique dont on 'prend conscience',
Il me semble que dans le bouddhisme, on envisage cette prise de conscience comme l'effet de prajna, cette "conscience transcendante" que le cheminant pourrait réaliser de manière plus ou moins aigüe en fonction de son niveau d'impeccabilité ou disons d'adhérence à l'Octuple Noble Sentier.
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ShraWaKa
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Dissoudre l'ego ne veut dire devenir invisible, quoique cela serait pratique dans un véhicule fonçant comme une fusée vers la libération.
L’essentiel comme tu le dis c'est d'adhérer au noble octuple sentier pour éviter les accidents de parcours...
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jules
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SraWaka : Dissoudre l'ego ne veut dire devenir invisible, quoique cela serait pratique dans un véhicule fonçant comme une fusée vers la libération.
C'est clair. C'est pourquoi peut-être Il faudrait clairement connaître les raisons pour lesquelles nous déciderions de nous manifester, sans perdre de vue la terminaison (khayeñāṇa), ce terme qui me rappel justement cette notion de "retour" qu'on retrouve dans le taoïsme, qui pourrait à son tour évoquer le retour à "notre visage d'avant la naissance de nos parents". jap_8
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Floch
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jules a écrit :
16 juin 2018, 13:16
C'est clair. C'est pourquoi peut-être Il faudrait clairement connaître les raisons pour lesquelles nous déciderions de nous manifester, sans perdre de vue la terminaison (khayeñāṇa), ce terme qui me rappel justement cette notion de "retour" qu'on retrouve dans le taoïsme, qui pourrait à son tour évoquer le retour à "notre visage d'avant la naissance de nos parents". jap_8
jap_8
Le retour à la Source.
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jules
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Dans le fonctionnement de cette relation, le chemin non seulement facilite la réalisation de l'objectif, mais l'objectif également déjà présent dès le début comme le but évident de la recherche s'incline pour participer à la formation du chemin.
bhikkhu bodhi


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jap_8
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:) Je trouve que l'enso symbolise parfaitement ce retour à la source. anjalimetta

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