Subaris a écrit :Ta phrase (la seconde) est pour moi un contre sens mais bon ...
En quoi est-elle un contresens puisque tu affirmes toi-même, plus bas : "La vacuité ne crée pas de nouveaux phénomènes, elle est les phénomènes". Moi, je dis "
Voir les phénomènes tels qu'ils sont, c'est voir la vacuité et réciproquement". Mais j'ajoute un point qui est fondamental, sans quoi effectivement cela n'aurait aucun sens : "
Mais cela n'est valide que pour autant qu'on a réalisé la vacuité (du Dharmakaya). Sinon, on est dans l'illusion d'un ego et dans la réification des phénomènes."
Prétendre que la vacuité ne serait pas affectée par la fin/changements des phénomènes c'est comme vouloir couper un glaçon en deux, jeter une moitié et espérer avoir la même quantité d'eau après qu'il soit redevenu liquide
Je ne pense pas que ta métaphore soit bien appropriée au cas de figure. Car l'eau et la glace sont deux états phénoménaux d'une même nature. Or, la vacuité n'est pas phénoménale pour moi. Elle ne l'est qu'en terme de réification (reflet de la vacuité en elle-même) et non "en soi" (Quelqu'un que je connais dirait "ultimement"). En revanche, quand je dis, plus haut : "
Voir les phénomènes tels qu'ils sont, c'est voir la vacuité et réciproquement", ni la vacuité, ni les phénomènes ne sont réifiés. Et c'est en cela qu'ils sont vides. Mais, je dois encore insister parce que c'est fondamental : "
cela n'est valide que pour autant qu'on a réalisé la vacuité (du Dharmakaya)."
En d'autres termes, l'équivalence Samsara/Nirvana n'est valide que lorsqu'on a réalisé le Nirvana (ou la vacuité du Dharmakaya dans le contexte zeniste) et pas avant. Avant cela, Nirvana et Samsara ne sont pas équivalents (sinon, quel bonheur serait l'existence pour tous les êtres sensibles !) . Et dans cette absence d'équivalence, on peut dire que le Nirvana n'est pas affecté par le Samsara comme la vacuité n'est pas affectée par les phénomènes. Il ne l'est pas davantage dans l'équivalence avec le Samsara dans la réalisation puisqu'alors, voir l'un, c'est voir l'autre et réciproquement. Ceci n'est pas comparable à couper un glaçon en deux. Ce serait plutôt comparable au fait que l'eau et la glace sont deux états d'une même molécule (H
2O). La molécule
ne sait rien de l'état dans lequel elle se trouve car l'état n'affecte que les liaisons moléculaires (structure), pas la molécule elle-même.
Edit : je pense qu'il faut prendre en compte également les difficultés lexicales, c'est à dire le sens que l'on donne aux mots, sens qui n'est pas nécessairement le même pour tous. Quand on vient de traditions différentes, ces difficultés s'accentuent.