Tulkou français Mila Khyèntsé

Serge Zaludkowski

On m'a fait part de l'existence d'un tulkou français, Mila Khyèntsé Rinpoché (http://institut.khyentsewangpo.org/enseignants/).
Il est dit sur le site de "Institut Khyèntsé Wangpo" que : "Il a été intronisé comme régent-détenteur (Gyaltsab) par Lobsang Dargyé Rinpoché de la province tibétaine de l’Amdo (Qinghai) et est détenteur de lignées du bouddhisme tibétain et du dzogchen."

Ce qui bien entendu pose un certain nombre de questions compte tenu de l'importance de la lignée et des transmissions dans le bouddhisme tibétain.

La première série de question est "qui est Lobsang Dargyé Rinpoché de la province de l'Amdo ?", "de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?".

Il est dit autre part (http://www.milakhyentse.com/about-mila-khyentse/), je cite "L'un des plus grands maîtres Dzogchen contemporains, Terteun Péma Teutrengsel Rinpoché, l’a reconnu comme un grand bodhisattva et intronisé en tant que régent-détenteur (Gyaltsab) de sa lignée".

Ce qui bien entendu pose la deuxième série de questions "Qui est Pema Tötrengsel qui l'a reconnu, lui aussi ?", "de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?".

Reste maintenant les questions sur Mila Khyèntsé lui même, et la toute première : "il est la réincarnation de quel maître ?"
mais surtout, les mêmes questions que précédemment : ""de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?". ... et s'agissant de dzogchen qu'il dit enseigner "de quel cycle d'enseignement s'agit-il ?", "quel détenteur lui a transmis ?", "qui lui a donné l'autorisation d'enseigner ?".


Dans le bouddhisme tibétain, comme dans d'autres véhicules bouddhistes d'ailleurs, la lignée et les transmissions sont d'une importance majeure. C'est ce qui nous relie aux maîtres illuminés qui les ont reçues et nous les ont transmises. C'est la seule garantie de la pureté et véracité des enseignements et initiations donnés. Sans cela il ne peut pas s'agir du dharma de Bouddha Shakyamouni ... ce n'est, dans ce cas, que du new-age, et se doter des attributs sans en être dépositaire est tout simplement une escroquerie.
Ces enseignements sont cautionnés par Philippe Cornu, qui possède son propre cursus et une certaine renommée, ancien (ou toujours ?) membre de la Communauté Dzogchen de Namkhai Norbu Rinpoché. Ainsi mes questionnements sont justifiés ... puisse-t-il se faire que j'obtienne des réponses à ces questions et que mes justes inquiétudes soient levées.

J'ai posé la question à un membre référant de la Communauté Dzogchen française (EC). Voilà quelle a été sa réponse : "Bonjour Serge, merci pour ton message; ai entendu parler de cet enseignant par l'une de ses disciples proche qui vient toujours entendre CNN lorsqu'il est à Paris; ai entendu aussi PH C. en parler et en chanter les louanges... mais c'est tout, n'ai pas fait d'investigation sur lignée etc.. tu peux le faire et nous en tenir informés , si tu veux".

J'ai ensuite posé la question à quelqu'un proche de JLA ( :cool: ... pour les initiés) voici sa réponse (que j'ai traduite, l'échange s'étant déroulé en anglais) : "Vous savez certainement que j'ai une mince estime pour ce que fait Cornu ... c'est le moins qu'on puisse dire. En ce qui concerne ce tulkou, je pense que j'ai lu quelque chose sur lui il y a longtemps, ainsi la question fait naître un sentiment de déjà vu. Il n'existe pas beaucoup de tulkous français et celui-ci me dit quelque chose, mais je ne me souviens pas si c'est en bien ou en mal. J'aimerai aussi avoir de plus amples informations sur ce "Tertön Pema Tötrengsel Rinpoche". J'espère avoir tort mais cela me semble suspicieux, compte tenu du nom ..."

Voilà, si d'autres informations m'arrivent, je ne manquerai pas de les ajouter. Je souhaite que mes suspicions et celles d'autres s'avèrent être sans fondements, néanmoins il était nécessaire de soulever le problème, l'institut Khyèntsé Wangpo se posant en véritable institut du bouddhisme et du dzogchen en France, et si nos inquiétudes s'avéraient fondées il était nécessaire de prévenir ceux qui désiraient s'y inscrire.

Ceci dit, je le sais par expérience, nous sommes tous inter-informés de ce qui se dit sur les réseaux sociaux. A un moment, Mila Khyèntsé (puisque c'est le nom qu'il a choisi) ou Philippe Cornu (je n'ai pas voulu lui poser la question directement en privé, car à des affirmations publiques doivent venir des réponses publiques) ne manqueront pas d'en être informés. Ainsi auront-ils la possibilité d'apaiser nos craintes et répondre aux questions qui sont posées ici.
Dumè Antoni

C'est effectivement un problème, mais ça n'est pas le 1er du genre. Si le Dalaï Lama a "menacé" (je mets les guillemets) de ne plus réapparaître (je préfère ce verbe à celui de "se réincarner", d'une part parce qu'un tulku est appelé "Corps d'Apparition" et d'autre part parce que la réincarnation fait référence à des idées théosophiques toujours spécieuses et dangereuses), c'est sans doute pour mettre un terme à ce genre de magouilles, si magouille il y a dans ce cas précis, bien entendu.

Le BT (y compris Dzogchen) est à ma connaissance la seule tradition bouddhiste à reconnaître ses tulkus selon ce mode d'apparition. On ne retrouve pas ça ailleurs. On en saisit à présent les risques intrinsèques en ce que ce mode d'apparition peut être aisément détourné par des personnes, voire des Etats, mal intentionnés. La manière la plus simple de mettre un terme à ce genre de situation déplorable est que les grands lamas et dzogchenpa prennent la décision de ne plus apparaître de cette manière. Il y va de la crédibilité des maîtres, y compris les authentiques, dans leurs disciplines respectives. Mais bon, y mettre un terme revient à mettre un terme à des siècles de tradition ; et ce n'est pas simple, parce que soyons clairs : ce système est aussi très avantageux dans des cultures oligarchiques ou théocratiques, pour les "élus" bien entendu. Je suis désolé d'être "terre à terre", mais la corruption et les magouilles n'intéresseraient personne s'il n'y avait pas des avantages "matériels" à la clé.
Serge Zaludkowski

Oui, pratiquement d'accord sur tous les points ... néanmoins un véritable tulkou offre certains avantages et il est des cas où le réincarné donne des informations précises sur sa prochaine incarnation, et où la nouvelle incarnation détermine immédiatement quels objets lui appartiennent et quels sont ses "anciens amis". Sur le sujet voir le témoignage de Mattieu Ricard sur la réincarnation (renaissance) de son maître, Dilgo Khyentse Rinpoché.
maniwa

bonjour Serge;
il setrouve que je connais bien mila kyentsè,ilse dit èmanation de;milarepa,gourou rimpotchè;sangyè lingpa ect...ect.....ect....
après enquete sérieuse
mon maitre de retraite lama tenpa rimpotchè m'a disuadè de le suivre car je devais le faire venir chez pao rimpotchè.
kandro rimpotchè a formellement dèmenti l'avoirreconnu ;visiblement il cherche à s'introduire partout donc méfiance!!!
bonne pratique.
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yves
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Inscription : 26 février 2016, 13:01

je retransmets une réponse:
Serge Z. a écrit :Je viens de recevoir ce message de Philippe Cornu :
Bonjour Serge,

Nous nous connaissons de vue par la Communauté Dzogchen et par nos écrits respectifs. Je me permets donc d'intervenir pour clarifier la position réelle de Mila Khyentsé qui fait actuellement l'objet de discussions sur des forums bouddhistes.

Il se trouve que je le connais fort bien depuis maintenant plus de cinq ans, et que je collabore très régulièrement avec lui, qu'il s'agisse de cours donnés en commun, de colloques où nous participons ou bien de séminaires interreligieux (Colloque bisannuel de Meylan, Les Journées Hors du temps de Crêt-Bérard en Suisse, les Rencontres d'Épernon avec le frère Benoît Billot de la Maison de Tobie...) ou bien de courtes retraites qu'il donne régulièrement.

Concernant son "pédigrée", voici ce que je puis t'en dire. Il fut reconnu d'abord informellement à l'adolescence par Guendün Rinpoché. Après avoir poursuivi des études en archéologie et en tibétologie, il a exercé une carrière universitaire à l'INALCO dans un cours que nous faisions à plusieurs universitaires (Art et techniques du Tibet) et qui a maintenant disparu des programmes. Heather Stoddard et Françoise Robin, les responsables de la section de tibétain, le connaissaient bien alors et leur témoignage était élogieux.
Il a ensuite quitté la France pour se rendre au Tibet en missions scientifiques (il a notamment collaboré avec Heather dans son association Shalu destinée à la sauvegarde des trésors artistiques du monastère de Shalu au Tibet central) et c'est au cours de ses voyages qu'il a été formellement reconnu comme tülku par plusieurs maîtres et a effectué des retraites approfondies. Son parcours est donc essentiellement asiatique, ce qui explique en partie qu'il ne soit guère reconnu ici.

Son maître principal est Alak Chörten Rinpoché, alias Tertön Lobsang Dargyé, nom qui témoigne de son rattachement au monastère de Kirti qui rassemble des maîtres qui, comme lui, ont une lignée mixte Nyingmapa et Guélougpa (c'est rare mais cela existe!).
Actuellement âgé et en mauvaise santé, ce maître a été placé en résidence surveillée par les Chinois après les événements dramatiques de Kirti (premières immolations de moines par le feu). Proche de Kirti Rinpoché actuellement réfugié à MacLeod Ganj (Dharamsala), il est le disciple de Khenpo Norbu Zangpo, lui-même étudiant de Jigmé Yönten Gönpo, un disciple de Jamyang Khyentsé Wangpo. Le reste de la lignée est celle, classique, du Longchen Nyingthik, avec les noms de Patrül Rinpoché, Do Khyentsé et tant d'autres issus de la transmission initiale de Jigmé Lingpa.

Par ailleurs, Mila Khyentsé a aussi été reconnu par Padtseling Tulku, maître bhoutanais du Longchen Nyingthig et un des conseillers du roi, vivant à Bumthang. Il est aussi en lien avec Minyak Tulku qui était le responsable de la Bibliothèque Nationale du Bhoutan à Thimphu, et il y a deux ans, Dodrupchen Rinpoché l'a également officiellement reconnu comme tülku. Il se trouve, au passage, que Mila Khyentsé a été reconnu comme tülku de Do Khyentsé, et non de Jamyang Khyentsé.

Concernant son activité d'enseignant du Dharma, Mila Khyentsé ne souhaite ni la notoriété ni constituer de larges groupes d'étudiants, pour des raisons de sécurité pour son propre maître d'une part, et parce qu'il préfère enseigner à de petits groupes choisis et sur le long terme. C'est la raison pour laquelle il ne cherche pas à se faire connaître dans les milieux bouddhistes tibétains occidentaux en dehors de ses propres étudiants. Il n'y a en réalité aucun mystère derrière tout cela.

Je puis pour ma part aussi témoigner, de par mon expérience de plus de trente ans des enseignements dzogchen (sous la direction de Sogyal RInpoché et surtout de Chögyal Namkhai Norbu et Yongdzin Tenzin Namdak), du sérieux de son approche qui respecte strictement la tradition tout en offrant une pédagogie claire et précise qui convient parfaitement à un groupe d'Occidentaux, MK étant d'origine française.

Voilà ce que je tenais à te faire passer comme message, d'autant plus que j'ai bien cru être mis en cause dans l'un des messages du forum nangpa où il est évoqué l'inimitié et le peu d'estime que me porte Jean-Luc Achard. Ce n'est pas le lieu d'en parler, mais j'ai été victime par le passé d'un long acharnement de la part de ce sombre personnage pendant une bonne dizaine d'années, pendant lesquelles il a cherché à démolir systématiquement ma réputation en tibétologie... Il ne m'est donc pas très agréable de voir ce genre de fantôme ressurgir à l'occasion d'une discussion ne me concernant pas directement!

Voilà, tu sais tout, et il t'appartient de rétablir les faits putôt que de laisser courir ce qui se dit et qui pourrait être préjudiciable à un authentique enseignant du Dharma, à une heure où la Mindfulness des coachs et autres Fabrice Midal mettent bien plus en danger l'avenir d'un Dharma authentique par une instrumentalisation systématique de ses méthodes hors du contexte spirituel !

Bien à toi,

Philippe Cornu
message au quel j'ai, entre autres, répondu cela
Compte tenu de l'importance de la lignée, surtout dans le bouddhisme tantrique, son cursus n'est pas très ... classique. J'ai bien noté celle de son maître principal, mais cela ne reflète pas des initiations et transmissions de lignée que Mila Khyentsé aurait, personnellement, reçu. Ainsi, comme mon ami américain, I would stay away.

J'ajoute que si cette discussion refaisait surface, je ne manquerai pas de citer la réponse que tu me fais. J'espère que cette position te satisfera et que nous aurons l'occasion d'échanger sur d'autres sujets lors d'une prochaine rencontre (je vis assez reclus, loin de l'agitation de la ville).

Il existe aussi un fil sur nangpa qui mériterait de recevoir cette réponse (http://www.forum-bouddhiste.com/viewtopic.p ... tse#p42306). Je n'ai plus accès à nangpa, quelqu'un veut-il s'en charger (ted ?)
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
ted

Image

Je me permet de rebondir sur cet échange entre Serge et Philippe Cornu.

Alors qu'un article de buddhachannel.tv nous apprend que le nombre de bouddhistes en France aurait triplé depuis 25 ans. http://www.buddhachannel.tv/portail/spi ... ticle25339

Je ne comprends pas le problème avec Mila Khyentsé.
Est-il la victime de rivalités internes au sein des lignées du bouddhisme tibétain ?
Pourquoi un tulkou ne pourrait pas réapparaitre en France ? Je ne vois pas où est le problème ?
Philippe Cornu

Bonjour,

C'est très simple, c'est une question de naïveté de notre part que de croire que tout va bien dans le monde bouddhique tibétain. C'est sans compter sur les rivalités, le clientélisme et toutes sortes de "Dharma-politique". Ce n'est pas de maintenant, il y a des siècles que ça dure au Tibet et au Bhoutan, mais nous sommes un peu des oies blanches... la preuve en est le désarroi causé par l'histoire des deux karmapa, par exemple, et elle n'est pas la seule "guerre des tülku" en cours ou ayant eu lieu... Il faut étudier l'histoire tibétaine (pas seulement les hagiographies où tout est parfait!) et voir combien la politique a toujours été mêlée au Dharma dans les luttes monastiques.
Ce qui compte, c'est le Dharma, son étude et sa pratique, et bien sûr trouver des maîtres authentiques. Le reste ne nous regarde pas et sincèrement, je pense qu'il ne faut même pas s'en préoccuper car c'est le problème d'une autre culture et d'autres habitudes. Or si le Buddhadharma nous vient grâce à cette culture — entre autres — il n'est pas cette culture... il est teinté par elle, il en a pris des traits, mais même si nous devons un profond respect pour cette culture qui nous apporte avec elle ce trésor, il ne faut pas oublier les êtres humains qui sont derrière et leurs défauts inévitables...
Ainsi, il y a de fortes rivalités entre Tibétains et Bhoutanais par exemple, et les TIbétains sont parfois de mauvaises langues... Mais c'est partout pareil, tout simplement! Et il ne faut pas oublier que reconnaître des tülkus occidentaux est une chose, leur permettre d'enseigner et de rayonner en est une autre. Il y a beaucoup de méfiance chez nos frères tibétains, parfois évidement justifiée, mais aussi qui confine au manque de confiance total à l'égard des Occidentaux... Comment, dans ces conditions, envisager sereinement la transmission future en Occident?
Je vous assure que Mila Khyentsé est une personne sans prétention qui œuvre pour le Dharma de façon désintéressée et sans ambition personnelle. Et il le fait à la demande de ses maîtres. Ce qui n'empêche les jalousies et les bruits de couloir... "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose..." Hélas! Combien cette maxime n'est que trop vraie...

Voilà donc quelques réflexions pour alimenter la vôtre...

BIen à vous,

Philippe Cornu
Compagnon

Bonjour Monsieur, Bienvenue :)

Je partage entièrement ce que vous dites. C'est un triste constat parfois à faire (et je m'inclus dedans évidemment) mais réaliste. Lucide. Et pourquoi s'en étonner ? Les hommes sont les mêmes que l'on soit en France ou au Tibet, 2500 ans de tradition bouddhiste en Asie et 2000 ans de tradition chrétienne en Europe illustrent parfois les mêmes travers chez les pratiquants. "L'étiquette religieuse" change si je peux m'exprimer ainsi mais nous sommes tous des humains et avons tous les mêmes défauts, tentations, aveuglements, etc...

Le prophète du christianisme a eu un de ses disciples, Judas l'Iscariote, "corrompu" par les Grands Prêtes de Jérusalem dont le pouvoir politique et matériel était un fait, même sous l'occupation romaine. Une union du temporel et du spirituel "corruptrice" et dénoncée par Jésus, ce qui justement fut un des motifs de la "cabale" contre lui.

Siddharta Gautama a eu Devadatta, son cousin et très proche disciple, qui fini par faire scission (par ambition personnelle ?), s'acoquine avec une autorité politique locale et va jusqu’à commanditer 3 tentatives d'assassinat contre son ancien maître.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets il y a 2500 ans, 2000 ans ou maintenant.

D'ailleurs il a été assez reproché au Dalaï Lama d'être à la fois chef spirituel et temporel du Tibet. Sa nature supposée d'émanation du bodhisattva de la compassion Chenrezig, ce qui fait de lui un être sacré n'est pas sans poser problème, en France par exemple qui a connu la confusion du politique et du religieux pendant des siècles, puis des luttes parfois très violentes pour séparer "l'église et l'état" (autant pour l'infaillibilité pontificale dans le même esprit mais coté chrétien catholique). D'ailleurs quand il est présenté, il est qualifié de "sainteté", terme impropre et maladroit qui, je trouve montre bien l'incertitude et le malaise de ses interlocuteurs pour le situer exactement. C'est peut être une touchante marque de respect mais franchement... mettre le terme "sainteté" en préfixe du Dalaï Lama ... que dit celui-ci déjà à propos de tête d'un animal sur le corps d'une autre ? Un proverbe tibétain, une histoire de yack, je ne m'en souviens plus au juste, quelqu'un s'en souvient ?

jap_8
Robi

Compagnon a écrit :Le prophète du christianisme a eu un de ses disciples, Judas l'Iscariote, "corrompu" par les Grands Prêtes de Jérusalem dont le pouvoir politique et matériel était un fait, même sous l'occupation romaine.
Jésus n'est pas un prophète du christianisme (mais de l'islam). Le dernier des prophètes pour le christianisme c'est Jean-Baptiste.
Compagnon a écrit :D'ailleurs il a été assez reproché au Dalaï Lama d'être à la fois chef spirituel et temporel du Tibet. Sa nature supposée d'émanation du bodhisattva de la compassion Chenrezig, ce qui fait de lui un être sacré n'est pas sans poser problème, en France par exemple
Non, ça ne pose aucun problème en France. La France n'est pas concernée par la double casquette spirituelle et temporelle du Dalai Lama (ça relève des tibétains, pas des français)...
Compagnon a écrit : D'ailleurs quand il est présenté, il est qualifié de "sainteté", terme impropre et maladroit qui, je trouve montre bien l'incertitude et le malaise de ses interlocuteurs pour le situer exactement. C'est peut être une touchante marque de respect mais franchement... mettre le terme "sainteté" en préfixe du Dalaï Lama ... que dit celui-ci déjà à propos de tête d'un animal sur le corps d'une autre ? Un proverbe tibétain, une histoire de yack, je ne m'en souviens plus au juste, quelqu'un s'en souvient ?
C'est pas ses interlocuteurs qui le présentent ainsi mais ses propres amis.
http://www.fbt-asso.org/ssdl.php
ted

Robi,
Compagnon,

Je ne vois pas trop le rapport entre Judas, Devadatta et Mila Khyentsé. :) Mila Khyentsé n'est pas soupçonné de trahison. Il n'a vendu ni tenté d'assassiner personne. :D

Quant à la formule "Sa Sainteté" pour le Dalaï-Lama, je ne vois pas trop le problème non plus : cet homme a quand même eu le prix nobel de la Paix et c'est, de plus, un chef religieux ! :roll:

Mais bon, bref :) c'est pas vraiment le sujet. Tulku n'est pas un titre honorifique, c'est la manifestation d'un acte spirituel qui est constaté et validé de façon très particulière.

A ce sujet, voilà ce qu'en dit Serge :
Serge Z. a écrit : La question que pose Mila Khyentsé est le problème de la lignée dans le vajrayana, pas véritablement sa reconnaissance comme tulkou qui peut-être douteuse ... comme beaucoup d'autres. La lignée maître/élève est fondamentale dans le vajrayana, de même que les initialisations/potentialisations et détentions de ces lignées, car ce sont les liens de "confiance" garants de la pureté de la transmission fondateurs du tantrayana.
pour rappel serge zaludkowski a écrit : On m'a fait part de l'existence d'un tulkou français, Mila Khyèntsé Rinpoché (http://institut.khyentsewangpo.org/enseignants/).
Il est dit sur le site de "Institut Khyèntsé Wangpo" que : "Il a été intronisé comme régent-détenteur (Gyaltsab) par Lobsang Dargyé Rinpoché de la province tibétaine de l’Amdo (Qinghai) et est détenteur de lignées du bouddhisme tibétain et du dzogchen."

Ce qui bien entendu pose un certain nombre de questions compte tenu de l'importance de la lignée et des transmissions dans le bouddhisme tibétain.

La première série de question est "qui est Lobsang Dargyé Rinpoché de la province de l'Amdo ?", "de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?".

Il est dit autre part (http://www.milakhyentse.com/about-mila-khyentse/), je cite "L'un des plus grands maîtres Dzogchen contemporains, Terteun Péma Teutrengsel Rinpoché, l’a reconnu comme un grand bodhisattva et intronisé en tant que régent-détenteur (Gyaltsab) de sa lignée".

Ce qui bien entendu pose la deuxième série de questions "Qui est Pema Tötrengsel qui l'a reconnu, lui aussi ?", "de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?".

Reste maintenant les questions sur Mila Khyèntsé lui même, et la toute première : "il est la réincarnation de quel maître ?"
mais surtout, les mêmes questions que précédemment : ""de quelle lignée est-il détenteur ?", "quels sont ses maîtres ?", "s'il est détenteur de cycles d'enseignements, qui lui a transmis ?". ... et s'agissant de dzogchen qu'il dit enseigner "de quel cycle d'enseignement s'agit-il ?", "quel détenteur lui a transmis ?", "qui lui a donné l'autorisation d'enseigner ?".
Concernant Mila Khyentsé elle est mise en doute car il n'a pas été précisé quelles sont les lignées dont il est véritablement détenteur et qui les lui a transmises. Tout repose sur la lignée de son maître, est-il dit.

Peut-être serait-il plus simple de répondre, point par point, aux questions posées ci-dessus ?

Je ne veux pas faire enfler cette polémique, mais compte tenu du nombre de "faux prophètes" ou prétendants avoir réalisés le dharma de Bouddha Shakyamouni en occident, il est important de s'assurer justement de la pureté de la lignée de transmission. Vouloir introduire le bouddhisme tantrique en occident est une bonne chose ... mais pas à tout prix et pas aux forceps.

Serge Zaludkowski
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