Et le paisible esprit, goutte de vif-argent,
Peut toujours se mouvoir à travers la poussière
Sans jamais s'y mêler, tel l'ombre et la lumière.
Durant les premières heures de cette nuit,
Siddharta, dont la méditation se poursuit,
Voit que tout est en tout, et donc que la souffrance
Ne naît que de la prison de notre ignorance.
Il voit ses vies passées, et puis en un instant,
Les naissances et morts de tout être vivant;
Et comme son esprit est libre de ses voiles,
Il voit naître et mourir, par milliers, les étoiles;
Pour que cet univers puisse s'épanouir,
De multiples mondes doivent s'évanouir
Pour mieux dans une fleur soudain réapparaître
Et, telle une illusion, à nouveau disparaître.
Ah, le cours de la vie serait bien moins amer
Si l'on voyait la vague identique à la mer !
Et Siddharta, libéré de toute souillure,
Connaît enfin la paix véritable et très pure...
Malgré la tourmente céleste qui rugit,
Toujours assis sous le pippala, il sourit
Et puisqu'il n'est plus de l'illusion la victime,
Il baigne en un halo de lumière sublime...
En unissant l'Amour et la Compréhension
On détruit l'envie, la haine et la confusion
Pour enfin connaître le Bonheur qu'on déguste
Grâce au Noble Sentier de la Pratique Juste.
Il acquiert le pouvoir de lire en chaque esprit
En transcendant l'espace et ce qui s'y inscrit,
Au moment où l'étoile du matin scintille,
Après l'orage, quand la pleine lune brille.
A l'horizon se lève un soleil rougeoyant,
Et le sage, dans un silence foudroyant,
Ayant atteint le but excellent de la Voie,
Demeure tout Amour en la Paix et la Joie.
Om Mouni Mouni Mahamouniyé Svaha !
Siddharta Gautama est le parfait Bouddha !
De la main il prend à témoin la Terre entière
Qu'il bénit de sa compatissante lumière...
D'après Sur les traces de Siddhartha.
