
Le corps est l'arbre de la Bodhi
Le mental est comme un miroir brillant
Prends soin de le garder toujours net
Et ne laisse pas la poussière s'y amasser
Ensuite, Hui-Neng écrivit à la place:
Il n'y a pas d'arbre de la Bodhi
Aucun miroir brillant n'existe là
Puisque tout est vide
Où la poussière peut-elle se déposer ?
Or ce que Hui Neng semble ne pas avoir réalisé, c'est que son exposé de la vérité ultime remplace la vérité obscurcissante, mais ne remplace pas l'exposé de la vérité conventionnelle car la véritable réalisation n'est pas de souligner une vérité au détriment de l'autre, mais au contraire d'envisager les deux vérités comme se soutenant mutuellement. On cite souvent le Hridaya Sutra pour appuyer cela, mais je trouve que le Vajracchedika Sutra est encore plus explicite:
Subhuti, un homme jouissant de la vue ne peut rien voir dans l'obscurité, et le bodhisattva qui, ayant chu dans (la croyance à) l'existence substantielle, s'adonne à la générosité est en tout point comparable à cet homme. En revanche, Subhuti, l'homme jouissant de la vue contemple toutes sortes de formes dès le lever du soleil, et le bodhisattva lui ressemble qui, sans avoir chu dans l'existence substantielle, s'adonne à la générosité parfaitement.
Conclusion: il est fort possible que Shen-Hsui fût plus réalisé que Hui Neng en exposant le conventionnel sans avoir chu dans l'existence ultime, exactement comme le font les Bouddhas.
