Effectivement, en général je le suis un peu, pessimiste... C'est un aspect de mon conditionnement que j'ai du mal à "régler". On n'est jamais à l'abri d'une surprise, dans la vie, mais quand on est pessimiste, les surprises ont plus de chances d'être bonnes. Mon père disait souvent, comme règle de (sur)vie : "Se fier, c'est bien, se méfier c'est mieux". Pas facile à dénouer, vu le monde relationnel auquel j'ai du m'adapter en grandissant, et qui n'était pas principalement composé de bienveillance.Flocon a écrit : C'est une idée intéressante, mais peut-être un brin pessimiste.
Je vois ce que tu veux dire ; ça peut partir d'une bonne intention. Hélas, l'enfer en est pavé.Flocon a écrit : on peut se forcer à la politesse par peur, certes, pour éviter de prendre un coup de poing, mais on peut aussi le faire par bienveillance, pour s'aider soi-même, et aider la personne avec laquelle on est en conflit.
Le problème, si je suis en conflit, c'est que la peur est déjà présente, sinon moteur du comportement. C'est bien pour ça qu'on "se force".
Il m'est arrivé d'être en conflit, et j'ai toujours fait de mon mieux pour apaiser les tensions et éviter la violence inutile. Hélas, les conflits qui surviennent entre les gens ne me semblent que le résultat de la rencontre de conflits intérieurs. Aussi, avec toute la bienveillance du monde, je crains qu'on ne puisse aider ceux qui n'ont pas l'intention de régler leurs difficultés, comme par exemple ceux qui sont persuadés d'être animés d'une "juste" colère, et refusent catégoriquement de la remettre en question. Le mieux que j'ai pu faire, alors, c'est de finir par "avoir raison", et voir la personne s'éloigner, fuir le dialogue.
Point qui me semble important : je ne peux rester bienveillant que si je n'ai pas de crainte, pas de conflit intérieur. Tant qu'on en a (même bien cachés, inconscients), il est difficile d'aider quiconque, même si je cause avec des gens qui comme moi veulent être bienveillants et rester polis. Tôt ou tard, alors, la tension monte.
On a du mal à envisager (sans parler d'accepter) un autre point de vue que le sien, souvent, parce que nos idées sont motivées par une logique de défense, voire de survie. Le conditionnement est ainsi fait, qu'on retire des croyances, des règles, des mécanismes comportementaux qui visent à éviter le danger (vécu, puis supposé ensuite). C'est à mon avis le mental, l'intellect, qui ici vise le contrôle des situations, et la rigidité des mécanismes ne pouvant être adaptée à la réalité changeante des situations, des relations, cela engendre les conflits. Sinon, pourquoi "défendre" un point de vue ?
"Celui qui ne rivalise avec personne, personne ne peut rivaliser avec lui". Je crois que c'est de Lao-Tseu.
La bienveillance authentique, à mon humble avis relatif, ne peut aider que ceux qui sont prêts à se détendre. Si une personne est aux prises avec des peurs qu'elle ne se sent pas d'affronter de face, elle ne peut que fuir la communication avec quelqu'un de "zen", car elle n'y comprend rien, trouve ce comportement absurde, irrationnel, qui la renvoie incessamment à son trouble. Du moins, pour ce que j'en ai vu, vécu, quand il m'est arrivé de rester zen face à un excité.
Aussi n'ai-je jamais pu aider quelqu'un avec qui je me trouvais en conflit, bien que j'aie sincèrement essayé. Tout ce que j'ai pu faire, c'est parvenir dans mon coin à dissiper l'illusion qui me maintenait en conflit intérieur. Cela n'a ensuite produit comme résultat que la fuite de l'interlocuteur. Car sans conflit intérieur, on peut observer plus attentivement, et c'est justement cette observation de ce qui se passe réellement (en soi, surtout) qui est empêchée par la crainte, la volonté de contrôle, quand le mental ne veut pas lâcher ses mécanismes de défense (inefficaces, au passage). Le conditionnement est fait de croyances visant à conjurer des peurs, mais il les entretient...