Quelle est votre pratique?

ardjopa

Et puis n'oublie pas que le fait de te demander quelle est ta pratique, ou en discuter avec toi n'implique pas nécessairement que quiconque commencera à la suivre. Disons plutôt que en connaissant plus de techniques on ouvre notre éventail de possibilités, tandis que l'ignorance ne fait que la limiter.
Je ne dis pas qu'il y a un quelconque "danger", à parler de sa pratique ou celle des autres, mais qu'il est à mon sens plus essentiel de pratiquer, que d'en parler ;-) ; Je reconnais que cela peut être utile pour ceux qui cherchent de nouvelles pratiques ou leur "première", mais cela peut aussi dérouter beaucoup de monde; La société humaine "moderne", est à l'ère de la consommation, du "consommable-jetable", du zapping (y compris spirituel, malheureusement !) et je crois que face à ce choix immense, pour ne pas dire infini, de chemins possibles, de pratiques diverses et variées (pas toujours bonnes d'ailleurs ni adaptée à chacun), le chercheur de sagesse est aussi en face d'un risque assez grand, de finalement ne plus savoir quoi pratiquer (l'embarras du choix), et que ce zapping fasse qu'il ne pratique pas grand chose au final;

En inde, les Samnyasins et autres sadhus entrant dans ce mode de vie de renonçants, ne sont (ou n'étaient) souvent ni érudits, ni intellectuels, parfois illettrés, ni aux "courants" de toutes les pratiques spirituelles possibles; On leur donne souvent (leur guru ou autres) un seul mantra, par "transmission", qu'ils pratiquent toute leur vie, sans se poser de question, jusqu'à esperer atteindre Moksha; Bon ou pas, cela peut avoir parfois des avantages, ça peut éviter trop d'hésitations, ou de doutes, dans un samsara déjà bien incertain
Syou

Ardjopa,

Cela correspond bien à ce que je crois : on savait déjà tout à la naissance ( en quelque sorte ) et l'éducation nous a tout fait oublier.

Comme quand un pote à l'école avec qui je trainais, un ami pour me désigner cette personne me dit " tu sais ton pote noir avec qui tu traînes " ; En fait je ne voyais pas de qui il parlait, puisque à ce moment-là la notion de " blanc de peau " et de " noir de peau " était pas intégrée dans mon vocabulaire. Il a donc fallu que je vérifie, en ayant ces notions intégrées, par moi-même sa couleur de peau : oui il était bien noir. Je ne l'avais pas vu...

Donc en quelque sorte, si cela est le cas, on a toutes les infos déjà en nous et ce serait même les mots en eux-même appris qui nous aurait éloigné de notre véritable nature, donc ce serait, dans ce sens, insensé d'en apprendre d'autres pour en oublier certains. Enfin je sais pas trop... c'est un questionnement.
Syou

Florent d'ailleurs parlait de la forêt. Là je me suis dit " pourquoi la forêt ? " mais il s'est expliqué plus clairement par la suite.

Il m'a donné envie d'y aller aussi. Pas sûr que ma démarche soit identique à la sienne, peu importe de toute façon. Quoi qu'il en soit ce que je vois aujourd'hui c'est un cheminement : voir la forêt dans son ensemble au début puis plus en détail avec un regard de plus en plus ouvert, comme une Pleine conscience si vous voulez de chacun des éléments que l'on peut rencontrer et d'une façon plus générale de la vie, la nôtre etc.

Après, il y a nous et la forêt et jamais nous ne pourrons la voir vraiment, sans doute, ou disons la ressentir tant que nous serons dissocier à elle. Il nous faudra alors nous détacher de nous-même pour s'y intégrer et ainsi la ressentir au plus profond.

Enfin les propos de Florent m'inspire cela. :)
ardjopa

Entre deux balades-vagabondage, je reviens à mon ermitage (qui disparaitra aussi en son temps :lol:)
J'y lis en ce moment un livre de Sylvain tesson, "dans les forêts de sibérie", et certaines forêts moins éloignées de moi que je cotoie de temps en temps peuvent y faire écho; Le bouddha, comme nombre des bhikkhus de sa tradition, ont vécu longtemps dans les forêts, en itinérant ou ermite; Il y a quelquechose de sauvage, d'indéterminé, donc de libre dans la nature "non encore trop envahit ni formaté" par l'espèce humaine; C'est donc des lieux propices à la méditation, à la remise en question, de la société, des systèmes, de qui on est surtout, de ce qu'est le monde, la vie, la planète, l'univers;
Entre une rue grise d'une ville surpeuplée, et un chemin paisible de montagne ou un rivage désert bercé par les vagues, la différence est je crois, cet état de nature de la vie, non-pollué par les égos, les hypocrisies, les faussetés urbaines, les statuts sociaux, les lois et normes (in)humaines, bref sans tout ce monde artificiel; Un monde naturel, où l'absolu se perçoit bien mieux, bien plus facilement, sans les murs sociaux, et qui nous renvoie à notre propre nature, spirituelle, par simple effet de miroir;

Mais Tesson en parle bien mieux que moi ;-)
"Le luxe ? C'est le déploiement devers moi de vingt-quatre heures, offertes chaque jour à mon seul désir. Les heures sont de grandes filles dressées dans le soleil pour me servir. Si je veux rester deux jours sur le chalit à lire un roman, qui m'en empechera ? S'il me prend l'envie au soir tombant de partir dans les bois, qui m'en dissuadera ? Le solitaire des forets a deux amours, le temps et l'espace. Le premier il l'emplit à sa guide, le deuxième, il le connait comme personne.

Qu'est-ce que la société ? Le nom donné à ce faisceau de courants extérieurs qui pèsent sur le gouvernail de notre barque pour nous empecher de la mener où bon nous semble."
kay

Iskander a écrit :Image

S'il y a bien une chose qui revient inévitablement lorsqu'on discute de bouddhisme, c'est que en parler peut être intéressant (ou pas), mais que in fine c'est la pratique qui compte (non seulement pour son propre développement, mais aussi pour une meilleure compréhension). Je voudrais donc échanger sur les formes de pratique que chacun a essayé dans le passé, pratique encore ou compte pratiquer, tout en profitant du début de la nouvelle année - période propice à une réflexion plus ample sur nos habitudes.

Ceci n'est pas une compétition ou un exercice d'indiscrétion. Vous n'êtes pas obligés de répondre en intégralité, si vous répondez à l'un ou l'autre aspect qui vous intéresse en particulier, c'est déjà très bien en ce qui me concerne.

Plus précisément, je serais curieux de connaître les points suivants:

Quel est votre style de pratique? Méditation de concentration ou vipassana, zazen ou metta, par les actions ou les études/discussions, voyages/rencontres, etc.

Où et quand est ce que cela se passe? Dans la forêt, en communauté dans un centre, chez soi ou dans les rues.

Pour ces questions je serais intéressé de savoir ce qu'il en a été de par le passé, ce qu'il en est maintenant, ou ce que vous prévoyez pour le futur.

Aussi, je serais intéressé de savoir ce que la pratique vous a apporté, qu'est-ce qu'elle vous apporte, et qu'est ce que vous souhaitez/espérez qu'elle vous apporte dans le futur?

Je pratique la méditation assise, marchée, les activités quotidiennes "en pleine conscience", quelques exercices de Taï-chi, et "mouvements mindfulness".
Je vis en ville, mais retirée. Je me ressource en forêt, parcs et jardins.
J'aimerai faire des retraites. Et voyager loin plus tard...
J'ai fais en sorte que ma pratique soit ma vie... elle est la vie. Ce que cela m'a apporté, est assez difficile à décrire en quelques mots dérisoires, par des mots. C'est un peu comme une chenille et sa métamorphose, elle la vit...Un peu plus de forces devant les vicissitudes de la vie, du calme, un peu de sérénité, de clarté, de compréhension. Moins de souffrance c'est sûr, parfois du bonheur, de la joie, une envie furieuse de l'offrir au monde, aux autres.
Iskander

kay a écrit :Je pratique la méditation assise, marchée, les activités quotidiennes "en pleine conscience", quelques exercices de Taï-chi, et "mouvements mindfulness".
Qu'appelles-tu "mouvements mindfulness", en quoi est-ce différent des activités quotidiennes "en pleine conscience", et les analogies avec par exemple la méditation marchée?

Par exemple, est-ce que tu manges le yaourt en pensant "yaourt", "yaourt", ou simplement en te concentrant dessus? Je voudrais essayer de comprendre les similarités et différences entre les diverses pratiques que tu sites.
Je vis en ville, mais retirée. Je me ressource en forêt, parcs et jardins.
De quelle façon te considères-tu retirée, tout en vivant en ville? Tu limites le temps que tu passes avec d'autres personnes? ou dans la circulation? ou autre chose?
kay

Ce sont des mouvements physiques alliés à la respiration. Je suis des vidéos.Cela peut faire sourire ou sembler ridicule mais c'est bienfaisant pour moi. Je fais cela, car j'ai le temps le matin vers 5h avant la méditation assise, et surtout parce que je suis lente à émerger, il faut que je bouge un peu pour que le corps-esprit se réveille. Cela m'évite complètement la somnolence en assise.
"Méditation marchée", c'est entre-deux méditation assise. Je fais aussi des marches en "pleine conscience" dans la forêt, jardins, ou dans la rue ( plus difficile.)
Le calme de la méditation se poursuit au long de la journée et j'essaie de pratiquer toutes les autres activités quotidiennes en "pleine-conscience".

Mais pourquoi le yaourgt ? !!! crysmiley J'essaie de manger ce yaourgt ::mr yellow:: sans me laisser emporter dans des pensées ailleurs, des inquiétudes, un rendez-vous, un courier à écrire, je ne sais quoi. Tout en en voyant, reconnaissant ces pensées sans les bannir, simplement manger avec mes sens présents, mon corps, mon esprit présent. On peut faire pareil en faisant la vaisselle. Mais j'y arrive paradoxalement mieux sans y penser avant, sans me l'imposer, en même temps c'est très difficile. Parfois, je pose le pot de yaourgt vide et je me dis "merde, déjà ? je l'ai fini, mais où j'étais ?" :shock: :lol: Et d'autre fois j'ai mangé ce sacré yaourgt en appréciant presque chaque cuillerée, le silence de la pièce, le ciel dans la fenêtre, la bougie allumée, sans avoir "prémédité" cela, sans le constater pendant, mais en l'ayant vécu vraiment.

Je me dis "retirée" en ville, d'abord parce que je suis en périphérie, c'est un avantage, les centres sont évidemment agités...etc Et parce que je sors très peu, une sorte "d'ermite urbaine". :lol: Les activités de la ville m'intéressent peu pour la plupart en dehors de mes besoins nécessaires. :roll: C'est assez agressif et oppressant parfois. Autrefois cela me donnait beaucoup de stress, d'angoisses. Mais j'aime bien être avec les gens ( et les chats ! ) quelques fois ou flâner de temps en temps. Comme je suis à pieds, j'aime mieux emprunter les petites rues calmes que les grands axes.
Iskander

kay a écrit :Ce sont des mouvements physiques alliés à la respiration. Je suis des vidéos.Cela peut faire sourire ou sembler ridicule mais c'est bienfaisant pour moi.
Je ne trouve pas ça ridicule du tout, et d'ailleurs merci pour la vidéo!

Si je me levais à 5 heures du matin, j'aurais aussi besoin de temps pour émerger ;-) En tout cas je vois que tu as développé une pratique assez complète, il me semble.
Le calme de la méditation se poursuit au long de la journée et j'essaie de pratiquer toutes les autres activités quotidiennes en "pleine-conscience".
Oui, ce serait ça le but, de vivre le plus possible la journée en éveil, et de dormir seulement pendant le sommeil.
d'autre fois j'ai mangé ce sacré yaourgt en appréciant presque chaque cuillerée, le silence de la pièce, le ciel dans la fenêtre, la bougie allumée, sans avoir "prémédité" cela, sans le constater pendant, mais en l'ayant vécu vraiment.
Lorsque tu dis "sans avoir "prémédité" cela", qu'entends tu? Ne pas avoir prémédité manger le yaourt, ou ne pas préméditer de le manger en pleine conscience?
Je me dis "retirée" en ville, d'abord parce que je suis en périphérie, c'est un avantage, les centres sont évidemment agités...etc Et parce que je sors très peu, une sorte "d'ermite urbaine". :lol: Les activités de la ville m'intéressent peu pour la plupart en dehors de mes besoins nécessaires. :roll: C'est assez agressif et oppressant parfois. Autrefois cela me donnait beaucoup de stress, d'angoisses. Mais j'aime bien être avec les gens ( et les chats ! ) quelques fois ou flâner de temps en temps. Comme je suis à pieds, j'aime mieux emprunter les petites rues calmes que les grands axes.
En fait je trouve cet aspect que tu décris très important dans la pratique. L'octuple sentier parle de moyens d'existence justes, ce qui pour moi souligne l'idée que c'est en créant des conditions de vie saines et bénéfiques que l'on peut nous même atteindre un état d'esprit sain et bienfaisant. Nous sommes conditionnés par nos conditions de vie, et c'est pour cela qu'on doit les envisager avec beaucoup de soin et réflexion. Un bon exemple de ceci est par exemple le lieu d'habitation, qui est la réciproque du lieu de travail. Si on habite loin du lieu de travail, ou des lieux dont on a besoin pour notre vie quotidienne, il devient nécessaire d'utiliser plus les moyens de transport (privés ou communs). Personnellement je n'ai pas de voiture, et j'ai toujours veillé à habiter proche de mon lieu de travail. Mais je remarque que si je séjourne dans une ville où je dois conduire régulièrement, mes niveaux de stress et d'aggressivité augmentent. Au début je conduis tranquillement, mais plus les jours passent plus les embouteillages, les signaux de traffic, les maneuvres des autres et mes erreurs m'exaspèrent. Au bout de quelque temps je me rends compte que je me fais du mal pour des broutilles. Idem pour mon entourage, la voiture est un révélateur extraordinaire de l'aggréssivité latente de certaines personnes, c'est presque caricatural.

Personnellement j'aime bien vivre en ville, et je trouve d'ailleurs la vie en ville plus paisible que celle de la campagne, à partir du moment où l'on ne vit pas dans des rues de grande circulation, qu'on dispose de pistes cyclables, de parcs et lieux de vie bien aménagés et que la pollution n'est pas trop forte. Souvent les aménagements urbains sont supérieurs dans les zones plus centrales d'une ville qu'en périphérie, de sorte que en général j'aime bien vivre plus dans le centre que en périphérie.

Pour donner un exemple, cet été j'ai séjourné deux semaines en plein centre de Madrid. L'arrivée en voiture (louée) était très stressante, non seulement à cause de la densité du trafic, mais aussi parce qu'il est très difficile de trouver une place de parking. Mais une fois arrivé à bon port et débarrassé de la voiture, le reste du séjour était très tranquille. Je pouvais marcher paisiblement dans les parcs, et même si certaines rues sont très denses et actives dans le centre, il y a toujours des rues alternatives très calmes à toute heure de la journée. J'ai passé là-bas de longues heures paisibles, tout en pouvant prendre un bain de foule en marchant 10 minutes, si je le voulais.

La ville en campagne est traditionnellement vue comme paisible, mais il faut aussi bien s'organiser, sinon on se retrouve à faire de longues heures de route, ce qui n'est pas de tout repos. Ceci étant dit je pense que bien sûr la ville en campagne est en général plus tranquille, mais que parfois ce n'est pas l'option la plus "sereine" pour tout le monde.

En tout cas j'aime bien ta description de "vie retirée en ville", qui me correspond bien.
kay

Oh mais pour me réveiller à 5h tous les matins, je me suis faite "une vie d'enfer" ! des seaux d'eau, des sons de clairons et chants de coq, des cla... Je plaisante. ::mr yellow:: J'ai été obligée, mais très motivée, parce que c'est la meilleure plage horaire de calme, pas de bruits de voisins, peu de circulation. Toute la ville n'est pas encore debout et en partie dans sa course folle... Même les oiseaux, à peine un chat, une lumière de fenêtre. Le rituel petit déj n'est plus une corvée dans le brouillard, ou brouhaha d'une radio, mais vécu plus clairement. Mais c'est vrai que c'est dur de sortir si tôt du sommeil... ça vaut, la peine, en tous cas. Je commence la méditation assise une demi-heure, avant le lever du jour dont je perçois doucement les premiers chants d'oiseaux, la lumière à travers le store, entre deux passages de rares voitures, comme perdues. Pour moi c'est des "instants trésors".

Pour le yaourgt, oui c'est mieux de ne pas trop penser "je vais manger en pleine conscience ou je mange en pleine conscience" à trop se concentrer on perd spontanéité et on est en fait pas du tout "pleine conscience". C'est juste pas oublier cette pratique, à tous moments de la journée savoir qu'on peut revenir à l'instant , à son souffle. Mais laisser la liberté, le naturel, laisser être, parce qu'on sait déjà le faire naturellement. Même si ça "foire" un peu par moment... :lol:

Je n'ai pas le permis, râté ! mais je conduisais très bien en dehors de l'examen ( sans inspecteur-trice :mrgreen: )et en campagne surtout. ::mr yellow::pas mal en ville, mais c'est vrai que c'est stress, agressif. L'attention, la vigilance, la courtoisie et le respect... etc
La ville c'est pour le travail, les études de mon fils aussi. J'ai des horaires disparates ou décâlés, du temps de libre.
Je n'ai pas vraiment choisi l'endroit où je vis, j'aime pas beaucoup. Je fais avec, j'en tire avantage et c'est un toit sur Terre, disons. J'aimerai mieux la campagne isolée, pour des meilleures conditions de pratique, l'amour de la nature, mais en même temps pas totalement coupée de tout, du monde, non plus, jusqu'à en oublié les autres, n'être plus que dans ma bulle "paradisiaque". Et puis en ville, j'aimerai bien réveiller des "zombies" dans les bus, des "automates" dans la rue ou déclamer un Sutta dans un "micro" du supermarché. :lol:
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